Déclaration faite à
l’issue du 6ème Congrès du PSK :
LA TURQUIE DOIT FAIRE UN CHOIX :
LA DEMOCRATIE OU LA DICTATURE MILITAIRE
Le
6ème Congrès du Parti Socialiste du Kurdistan s’est réuni durant
la dernière semaine du mois de septembre 2000 avec une forte participation.
Le 6ème Congrès a examiné les activités du Parti au cours des deux
dernières années ainsi que les autres sujets à l’ordre du jour.
Le Congrès a pris des résolutions, élu un nouveau comité central
et fait la déclaration ci-dessous à l’opinion publique.
L’abdication ne peut pas être la condition de la paix
Le mouvement
national kurde a connu des événements importants au cours de ces
deux dernières années. Après le départ forcé d’Ocalan de Syrie et
son arrestation par les autorités turques, la politique du PKK indexée
à l’attitude et à la situation de son Président a radicalement changé.
Non seulement le PKK a mis fin à ses actions armées contre le régime
turc, mais de plus il a harmonisé sa politique et son idéologie
avec celles du régime kémaliste qui prévoit un Etat unitaire et
l’existence d’une seule nation en Turquie. Le PKK a abandonné les
véritables revendications du peuple kurde comme l’indépendance,
la fédération, l’autonomie. Selon le PKK, la question kurde ne concernerait
que quelques droits culturels dans le cadre de la « citoyenneté
constitutionnelle ».
Tout ceci est
bien honteux pour un parti qui prétendait mener une lutte de libération
nationale et amer pour le mouvement national kurde.
Désormais,
le PKK s’efforce d’imposer à l’ensemble du mouvement national kurde
et au peuple kurde sa nouvelle politique intitulée « le projet de
paix et de démocratie » sans aucun contenu. Mais, ceci n’est pas
un projet de paix. On ne peut rétablir une république démocratique
avec une telle attitude. Il s’agit en fait d’une véritable abdication
pour le PKK qui essaye de tromper le peuple kurde. Notre parti ne
s'oppose pas ni à la paix et ni à l'instauration d'une république
démocratique. Nous revendiquions bien avant le PKK une véritable
paix et une république démocratique. Pendant des années, notre attitude
ferme en faveur de la paix et de la démocratie a fait l’objet des
attaques de la part des chefs du PKK.
Depuis la fondation
de notre parti, prenant en compte les circonstances nationales et
internationales, nous avons préconisé une lutte de libération nationale
par les moyens pacifiques. Nous avons refusé les actions armées.
Lorsque le PKK a entamé la lutte armée, nous avons demandé un cessez-le
feu immédiat tout en mettant en lumière les pertes et les souffrances
engendrées par la guerre. Nous avons souligné que la question ne
pouvait être résolue que par des moyens pacifiques. Nous n’avons
cessé de faire des appels dans ce sens à l’Etat turc qui refusait
de reconnaître la réalité et de trouver une solution négociée.
Toutefois, revendiquer
une solution pacifique ne veut pas dire abdiquer. Certes, nous revendiquions
une solution pacifique mais nous disions qu’elle devait être juste
et basée sur l’égalité. Cela implique pour les Kurdes la possibilité
de créer un Etat séparé ou d'opter pour une solution fédérale.
Conformément
aux circonstances nationales et internationales et à notre vision
socialiste, dès la création de notre parti, nous étions ouverts
à un Etat fédéral avec le peuple turc. Depuis, nous n’avons cessé
de préconiser et d'insister sur la solution fédérale. Dans un pays
multinational et avec plusieurs ethnies, une république démocratique
ne peut être qu’une république fédérale. Refuser une telle solution,
c’est permettre la poursuite de l’inégalité, de la répression nationale
et du conflit.
Le
PKK est passé d’un extrême à un autre. Pendant des années, le PKK
a défendu de manière absolue un Etat séparé et la lutte armée. Il
considérait comme une trahison toute autre proposition. Mais, pour
sauver la vie de son Président, le PKK a abandonné les thèses nationales
kurdes ainsi que toutes les revendications fondamentales de notre
peuple.
On
ne peut prétendre résoudre la question kurde de cette manière. Il
s’agit d’une véritable abdication.
La
condition de la paix ne peut pas être l’abandon par le peuple kurde
de toutes ses revendications légitimes et la soumission au régime
tyrannique.
Si le PKK pense
que la lutte armée est une impasse nous disons tant mieux. Mais,
le PKK devrait alors poursuivre la lutte pour la satisfaction des
revendications du peuple kurde par des moyens politiques.
Les pièges du régime et les devoirs du mouvement national
kurde
L’Etat
turc, conscient des possibilités que lui offre l’arrestation du
chef du PKK transformé en une véritable idole, essaie de faire renoncer
au mouvement national kurde ses revendications essentielles. Il
veut faire abdiquer le mouvement national kurde en intensifiant
sa politique d’assimilation et ses efforts pour détruire l’identité
kurde. Pour réaliser ses objectifs, l’Etat turc a élaboré « le plan
d’action secrète ». Ce plan dont une partie a été dévoilée, contrairement
aux prétentions des dirigeants turcs, n’est conçu en aucune façon
pour développer le Kurdistan ou résoudre les problèmes rencontrés
par le peuple kurde. Il s’agit d’un plan de même genre que le «
plan de correction de l’Est » mis en oeuvre par l’Etat turc après
la 1ère Guerre Mondiale pour coloniser le Kurdistan.
Par ailleurs,
profitant de la situation actuelle, le gouvernement turc lors du
processus d’adhésion à l’Union européenne, a prétendu qu’il n’existait
pas de question kurde. Selon lui, il s’agirait d’une « question
de terrorisme » provoquée par le PKK mais que désormais elle serait
résolue. Ainsi, il espère adhérer à l’Union Européenne sans même
accorder des droits culturels au peuple kurde.
Le
6ème Congrès du Parti Socialiste du Kurdistan met en garde l’opinion
publique kurde y compris ceux qui croient encore au PKK et à Ocalan
en les suivant aveuglement, contre cette situation dangereuse et
négative.
Notre
Congrès approuve la politique suivie d’une manière résolue par notre
parti pour informer l’opinion publique, attirer l’attention sur
les politiques erronées du PKK et sur les pièges tendus par le régime
ainsi que sur la nécessité de les déjouer.
Notre Congrès
soutient les efforts déployés au cours de cette dernière année par
notre parti ainsi que par les autres forces patriotiques et les
intellectuels kurdes conscients de la tournure prise par les événements
et désireux de déjouer les plans du régime en vue d’avertir le
mouvement national kurde et de réunir les forces nationales sur
une base saine.
Dans ce cadre,
le Congrès accorde beaucoup d’importance aux réunions organisées
le 11 mars 2000 à Stockholm et le 8 juin 2000 à Cologne à l’appel
de notre camarade Burkay, Secrétaire Général de notre parti, ainsi
qu’à la réunion des 9-10 septembre à Cologne organisée sur l'initiative
de la Plate-forme Nationale du Kurdistan du Nord, dont nous faisons
partie. Le Congrès soutient les idées et revendications exprimées
dans les déclarations faites à l’opinion publique à l’issue de ces
réunions et il demande la mise en œuvre de ces idées.
Le 6ème Congrès
du PSK, analysant le radical changement de situation survenu au
cours de ces deux dernières années au Kurdistan du Nord, met l’accent
sur le fait que la situation actuelle confirme la justesse des politiques
suivies avec fermeté et persévérance par notre parti. La situation
actuelle démontre que ceux qui, sans une analyse juste des circonstances
nationales et internationales, considéraient la lutte armée comme
la principale voie à suivre se sont trompés. Sauf dans l'hypothèse
d'un changement soudain et extraordinaire de la situation, la lutte
de libération nationale au Kurdistan du Nord se poursuivra désormais
par des moyens politiques pacifiques. Nous devons trouver de nouvelles
formes d’organisation et de lutte qui correspondent à la période
actuelle.
La
poursuite et la réussite de notre lutte dépendent de notre capacité
à déceler les pièges et plans du régime mais aussi de l’union des
forces patriotiques et de leur mobilisation sur une base saine,
tant dans le pays qu’à l’étranger.
Notre
Congrès accorde une importance cruciale à la création d’un parti
légal de masse en Turquie qui réunirait en son sein les plus larges
parties de la population kurde. Ce parti peut alors gagner la confiance
du peuple et devenir un centre d’attraction. Le Congrès appelle
toutes les forces patriotiques à surmonter les intérêts personnels
et de groupe afin qu’un tel parti légal puisse voir le jour.
Notre Congrès
souligne l’importance et la nécessité de l’union des Kurdes à l’étranger,
de l’union de leurs organisations politiques et démocratiques et
des intellectuels pour pouvoir mobiliser l’importante communauté
kurde vivant à l’étranger et faire entendre à l'opinion publique
internationale la voix et les revendications du peuple kurde et
pour organiser le soutien à notre lutte depuis l’étranger. Le Congrès
approuve dans ce sens les objectifs fixés lors des réunions de Stockholm
et de Cologne, à savoir la création d’une initiative des intellectuels,
la création d’un organisme comprenant les organisations politiques
et démocratiques et les représentants des initiatives des intellectuels
afin de mener à bien des activités pour la réalisation des objectifs
communs.
Notre Congrès
souligne l’importance des médias comme la télévision et la presse
quotidienne dans la lutte de propagande que se livrent le mouvement
national kurde et le régime tyrannique et ses collaborateurs. Il
appelle tous les patriotes à soutenir, dans la mesure de leurs moyens,
les efforts en vue de la réalisation de ces projets.
La démagogie de la lutte contre la réaction
L’un des faits
marquant de la vie politique du pays ces dernières années a été
l’atmosphère étouffant créé au nom de la sauvegarde d’une prétendue
laïcité et du kémalisme, des « principes fondamentaux de la République
» et de la lutte contre la réaction.
Le processus
du 28 février est une sorte de coup d’Etat militaire. Le processus
s’est imposé au gouvernement, au parlement et à toute la société.
Le foulard des jeunes filles est devenu un faux problème. Le foulard
a été considéré comme le critère de distinction entre le progrès
et de la réaction. Plus tard, le gouvernement a tenté d’effectuer
une grande purge dans la fonction publique par un décret que le
Président de la République n’a pas signé. Le maccartisme qui, dans
le passé frappait avec la bénédiction des milieux islamistes la
gauche et les patriotes kurdes, prend aujourd’hui pour cible en
plus des kurdes, les islamistes. Les réactionnaires seraient partout.
Après le parti Refah, c’est le parti Fazilet qui risque la dissolution.
Cette
conception ne fait que créer une confusion entre les notions de
laïcité, modernité, progrès et réaction. De telles pratiques répressives
ne peuvent servir une vraie laïcité, la modernité ou le progrès.
C’est
le coup d’Etat militaire de 1980 qui a porté le plus grand coup
à la laïcité. C’est durant la période qui a suivi le coup d’Etat
que les mouvements islamistes radicaux ont été le plus soutenus
et renforcés. Toutes les institutions mises en place par le coup
d’Etat militaire sont toujours en place. Ceux qui prétendent lutter
pour la laïcité et la modernité ne veulent toucher à aucun rouage
de ce système.
Le Parti Socialiste
du Kurdistan défend une véritable laïcité, la modernité, le progrès
et le renouveau. La Turquie n’a jamais été véritablement un pays
laïc. En effet, dans une société laïque, l’Etat respecte les croyances
des citoyens. Il traite d’une manière égale les différentes croyances,
il est neutre et il ne réprime pas ses citoyens du fait de leurs
croyances religieuses.
Or, la laïcité
défendue par les dirigeants turcs est toute différente. L’Etat
intervient dans le domaine religieux comme dans les autres domaines.
Alors qu’il impose à la population certaines croyances voire un
certain mode vestimentaire, il interdit, accuse et réprime d’autres.
C’est une attitude despotique et moyenâgeuse.
Le
régime répressif actuel est lui-même conservateur et réactionnaire.
On ne peut accorder aucune crédibilité à ceux qui prétendent lutter
contre la réaction alors qu’ils s’emploient, avec toute leur énergie,
à maintenir le régime en place en s’opposant aux droits et libertés
fondamentaux et au renouveau. Les véritables réactionnaires sont
ceux qui interdisent la liberté d’opinion au nom de la nation et
de la patrie.
Le
Parti Socialiste du Kurdistan estime que le meilleur moyen de lutter
contre la réaction est de réaliser une société libre et démocratique.
Ce sont la liberté d’opinion, d’organisation, et les liens démocratiques
qui permettront le progrès de la société et non pas ceux qui répriment
la société au nom de la lutte contre la réaction.
La Turquie doit respecter les engagements qu’il a pris
envers l’UE et mettre en œuvre rapidement les réformes
Une solution juste et pacifique à la question kurde
doit être trouvée
Lors du sommet
européen d’Helsinki en décembre 1999, alors que la Turquie n’avait
fait aucun pas pour améliorer les droits de l’Homme et pour trouver
une solution à la question kurde, l’UE a tout de même retenu la
candidature à la candidature de la Turquie à l’Union. L’UE s’est
simplement contentée des promesses faites par la Turquie et elle
a justifié son acte par la nécessité d’influencer positivement la
Turquie. L’UE a exigé de la Turquie la mise en œuvre des critères
de Copenhague. Toutefois, la Turquie n’a, depuis, pris aucune mesure
pour tenir ses promesses et mettre en œuvre les critères de Copenhague.
Elle a l’intention de ne rien faire dans ce domaine.
Aucune
amélioration notable n’a eu lieu dans le domaine des droits de l’Homme
alors que dix mois se sont déjà écoulés. Les lois turques interdisent
aujourd’hui comme hier la liberté d’opinion. La presse et notamment
la presse kurde est durement réprimée. Au cours de ces dix derniers
mois, la répression frappant la presse s’est même intensifiée. La
diffusion des journaux qui traitent de la question kurde ou qui
sont publiés en kurde est interdite dans les régions kurdes soumises
à l’état d’exception. De lourdes peines de prison et d’amendes sont
prononcées contre les dirigeants de telles publications qui font
souvent l’objet de décision de fermeture provisoire ou définitive.
On étouffe ainsi par des obstacles juridiques et pratiques la presse
kurde.
Alors que le
PKK a cessé ses activités armées en retirant ses forces à l’extérieur
de la Turquie, proclamé avec insistance qu’il ne reprendra pas
la guerre et remis aux autorités certains de ses groupes armés,
le régime refuse toujours de mettre fin à l’état d’exception dans
les régions kurdes. Il ne permet toujours pas le retour dans leur
foyer des personnes déportées par la force. Au lieu de décréter
une amnistie générale pour assainir la situation, il poursuit au
contraire ses opérations pour aggraver la tension.
Le
régime ne veut pas la paix. Le gouvernement turc ne reconnaît toujours
pas la réalité kurde et persiste dans sa politique.
Le régime turc,
dans le but de se soustraire à ses obligations découlant de son
acceptation des critères de Copenhague, trouve des prétextes ridicules.
Par exemple, il prétend que le kurde, langue parlée et écrite bien
avant le turc et plus riche que ce dernier, n’est pas une langue.
Il refuse même de considérer les Kurdes comme une minorité et de
reconnaître les droits des minorités à notre peuple qui est pourtant
l’une des grandes nations du Proche-Orient et dont le nombre d'habitants
dépasse les 20 millions en Turquie.
L’Etat
turc tente de tromper l’UE et l’opinion publique internationale.
Le
Parti Socialiste du Kurdistan est pour l’adhésion de la Turquie
à l’UE à condition qu’elle ait résolu d’une manière juste la question
kurde, instauré la démocratie et trouvé des solutions aux problèmes
avec ses voisins par le dialogue et sur le fondement des principes
juridiques internationaux. Le gouvernement turc doit, sans les déformer
et sans tarder, tenir ses promesses faites aux dirigeants de l’UE
et mettre en oeuvre les réformes nécessaires afin que le pays soit
prêt à l’adhésion.
·
La torture,
les exécutions extrajudiciaires et les autres pratiques répressives
doivent prendre fin. La Turquie doit respecter les conventions internationales
relatives aux droits de l’Homme qu’elle a signées.
·
Une nouvelle constitution démocratique doit être
rédigée pour remplacer la constitution actuelle imposée par la junte
militaire du 12 septembre 1980 et considérée comme un « règlement
intérieur de police » par d’illustres juristes.
·
Les dispositions
antidémocratiques dans le système juridique doivent être supprimées.
Les libertés d’opinion, d’expression, de presse, d’organisation,
de rassemblement et d’opposition doivent être pleinement reconnues.
·
Par une
amnistie générale, la situation politique doit être assainie. Les
prisonniers politiques également, doivent pouvoir retrouver la liberté.
Les réfugiés politiques doivent pouvoir retourner au pays.
·
Le Conseil National de Sécurité, qui détermine la
politique à suivre en ce qui concerne les problèmes essentiels du
pays et qui est une sorte d'épée de Damoclès au-dessus du Parlement,
du gouvernement et de toute autorité civile, doit être dissout
avec toutes les autres institutions répressives mises en place par
la junte militaire du 12 septembre 1980 comme le Conseil de l’enseignement
supérieur, le Conseil supérieure des radios et télévision et les
Cours de Sûreté de l’Etat.
·
La contreguérilla, le Jitem (organisation secrète
de la gendarmerie), héritages de la guerre froide, et les autres
organisations de terreur liées à l’Etat comme les bandes organisées
et les brigades spéciales doivent être dissoutes.
·
La nouvelle
constitution doit reconnaître l’identité kurde et garantir les droits
nationaux des Kurdes.
Pour ouvrir la voie à une solution pacifique et juste de la question kurde,
les mesures urgentes suivantes doivent être prises :
·
L’état d’exception doit prendre fin immédiatement.
Le système de gouverneur général et des protecteurs de villages
doit être dissout.
·
Les autorités doivent autoriser les
millions de Kurdes dont les maisons ont été détruites pendant la
sale guerre et qui vivent aujourd’hui dans la misère, privés du
travail et d’un toit dans les grandes villes du Kurdistan et de
Turquie, à retourner dans leurs villages et villes. Les préjudices
qu’ils ont subis doivent être réparés.
·
La possibilité
de mener librement des activités avec leur nom et leur programme
doit être reconnue à tous les partis kurdes, dont le nôtre, qui
prônent une solution pacifique à la question kurde. Le Parti Socialiste
du Kurdistan veut mener ses activités dans la légalité. Le régime
doit désormais supprimer tous les obstacles dans ce domaine.
·
La répression et la terreur qui frappent
la presse et les organismes culturels kurdes doivent cesser. L’Etat
doit organiser et autoriser les émissions en kurde à la radio et
à la télévision.
·
L’enseignement
en kurde doit être dispensé au Kurdistan et dans les régions où
vivent les Kurdes.
La Turquie doit faire un choix
La
Turquie doit faire un choix : Ou, bien en profitant de l’occasion
historique que lui donne le processus d’adhésion à l’UE, elle deviendra
un pays civilisé, en rétablissant la paix et la démocratie dans
le pays ou se séparant de l’Europe, elle deviendra un pays encore
plus réactionnaire, militariste et despotique du Proche-Orient.
Autrement dit, elle doit choisir entre la démocratie et la dictature
militaire.
Les milieux
conservateurs, chauvins et militaristes en Turquie opposent une
résistance aux efforts de démocratisation et de paix. Ils veulent
adhérer à l’UE sans aucun changement et avec les pratiques de torture,
et les autres pratiques répressives et primitives. Ils considèrent
que la démocratisation du pays, la solution à la question kurde
et le respect des droits de l’Homme auront pour conséquence la division
de la patrie et de la nation.
Le
Parti Socialiste du Kurdistan appelle l’UE à défendre ses propres
normes. La Turquie ne doit pas pouvoir diluer les normes européennes
et les critères de Copenhague et tromper l’opinion publique internationale.
Le choix que
va opérer la Turquie dépend du résultat de la lutte entre les forces
pacifiques, démocratiques et pour le renouveau, et les forces conservatrices,
chauvines et racistes. Si les premières l'emportent, la Turquie
pourra adhérer à l’UE et fera ainsi un grand progrès. Dans le cas
contraire, le régime deviendra encore plus réactionnaire, despotique,
militariste voire fasciste. La Turquie coupera alors les ponts avec
le monde civilisé. Dans ce cas, le régime sera isolé et perdra son
soutien international. Un tel régime n’aura pas la vie longue dans
le monde d’aujourd’hui et une chute rapide sera inévitable. En
résumé, les efforts pour sauvegarder le système moyenâgeux sont
voués à l’échec.
Le 6ème Congrès
du Parti Socialiste du Kurdistan appelle les travailleurs, les intellectuels
kurdes et turcs, toute personne éprise de paix et de démocratie,
tous ceux qui souhaitent un meilleur avenir pour les peuples kurde
et turc, à se mobiliser pour le changement du pays. Unissons-nous
pour rétablir pleinement les droits de l’Homme et les libertés
dans notre pays, pour permettre le développement économique, social,
et culturel du pays, et pour que les peuples de Turquie puissent
vivre ensemble dans la fraternité, la liberté et l'égalité. La
forme politique du pays ne peut être qu’une fédération kurdo-turque.
La guerre doit cesser au Kurdistan du Sud
Le PKK doit cesser ses ingérences dans cette partie
du Kurdistan
En ces jours
où nous sommes réunis en Congrès, des combats se déroulent au Kurdistan
du Sud entre le PKK et l’Union Patriotique du Kurdistan. Une fois
de plus, le peuple kurde est affligé par ces affrontements.
Conformément
à notre tradition, nous nous sommes toujours opposés aux affrontements
fratricides. Aujourd’hui encore, nous demandons, quels que soient
les prétextes des parties, la fin immédiate des affrontements.
Par ailleurs,
étant une organisation du Kurdistan du Nord, ou du moins devant
être comme telle, le PKK qui, s’il est sincère dans ses propos,
a cessé ses actions armées contre la Turquie, opté pour une lutte
politique pacifique et surtout renoncé à toutes les revendications
essentielles du peuple kurde, n’a aucune raison de maintenir des
forces armées au Kurdistan du Sud. Il n’a aucun droit de s’ingérer
dans les affaires intérieures des partis du Kurdistan du Sud ou
de revendiquer quoi que ce soit sur cette partie du Kurdistan.
Nous pensons
que si le PKK cesse ses ingérences dans cette région du Kurdistan,
met fin à son attitude hostile (dictée par les intérêts de la Turquie,
de l’Irak ou d’un autre Etat de la région) contre l’administration
du Kurdistan et respecte l’autorité nationale, il n’existera aucun
motif pour la guerre fratricide. Dans le passé, le PKK a commis
beaucoup de fautes dans ce domaine. Il les réitère aujourd'hui.
Suivant les instructions d’Ocalan détenu à Imrali, le PKK accuse
l’autorité nationale au Kurdistan du Sud. Le Parti Démocratique
du Kurdistan et l’Union Patriotique du Kurdistan, les deux formations
importantes, sont victimes d’une propagande virulente du PKK. Cette
attitude du PKK ne sert pas les intérêts du peuple kurde et elle
est, de ce fait inacceptable.
1er octobre 2000
Parti Socialiste du Kurdistan (PSK).
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