BULLETIN
D’INFORMATION DU PSK
- Juillet2000
Parti Socialiste du
Kurdistan
Un pas en avant, deux
pas en arrière
Lorsque les Quinze ont retenu au mois
de décembre 1999 la candidature de la Turquie à l’Union
européenne, on pouvait s’attendre à certains changements
politiques en Turquie. On pouvait espérer que les dirigeants
turcs feraient deux pas en avant et un pas en arrière. Or,
l’évolution de la situation démontre qu’ils font le
contraire : un pas en avant, deux pas en arrière.
Huit mois se sont écoulés
depuis que la candidature de la Turquie a été retenue,
mais toujours pas la moindre mesure en faveur des droits de l’homme
et de la démocratie. La torture continue d’être pratiquée
aussi systématiquement que dans le passé. Les tortionnaires
bénéficient d’une totale impunité. Les procureurs
poursuivent les personnes qui ont pu prouvé les cas de tortures
dans les prisons. L’article 312 du code pénal turc (CPT)
et l’article 8 de la loi contre le terrorisme qui interdisent la
liberté d’opinion et d’expression sont toujours en vigueur.
De nouveaux écrivains, hommes politique, militants pour la
démocratie et la paix sont arrêtés et condamnés
à de lourdes peines conformément à ces lois
répressives. Pour se dérober aux critères de
Copenhague, le Premier Ministre turc, Bulent Ecevit, a prétendu
que le kurde n’est pas une langue. Les autres dirigeants et journalistes
turcs ont repris tous ensemble cette « théorie ».
Toutes les institutions mises en place après le coup d’Etat
militaire du 12 septembre 1980 perdurent. Le Conseil de l’Enseignement
supérieur (CES), au mépris même de l’avis du
Président de la République et du choix du corps des
enseignants a proposé comme recteur un professeur qui n’avait
reçu qu’une seule voix alors que plus de 400 voix s’étaient
portés sur un autre professeur. Les radios et la télévision
sont régulièrement censurés par le Conseil
des Radios et de la Télévision. Le gouvernement par
le biais des décrets-lois prend de nouvelles mesures antidémocratiques.
Il s’apprête, par exemple, à faire du nettoyage dans
la fonction publique en faisant fi du pouvoir judiciaire.
Le Président du Parti de la démocratie
et de la paix, Yilmaz Camlibel, a été condamné
a un an de prison en vertu de l’article 312 du CPT pour avoir prononcé,
sept ans auparavant, un discours lors d’une réunion de l’Association
des droits de l’homme. Necmettin Erbakan, l’un des ancien premiers
ministre, a également été condamné en
vertu du même article.
Voici la phrase qui a valu à Erbakan
cette condamnation : «Vous avez remplacé l’expression
« au nom de dieu » par ‘je suis turc, je suis juste et
travailleur’, alors le kurde a eu le droit de dire ‘je suis
kurde, je suis plus juste et travailleur’ ». Selon les juges,
ce discours « vise l’intégrité de la patrie et
l’unité de la nation et il est de nature à inciter
une partie des citoyens de la République de Turquie contre
une autre partie ».
En Turquie, chaque matin dans toutes
les écoles primaires, les élèves doivent prêter
un serment qui commence par « je suis turc, je suis juste,
je suis travailleur ». Les enfants kurdes, Roums (Grecs de
Turquie), Arméniens, Circassiens, Arabes, Lazes doivent prêter
ce même serment. Mais, il est interdit pour un kurde de se
prétendre kurde car ceci constitue un crime. Erbakan aurait
donc commis un délit en nommant les Kurdes de Kurdes.
Erbakan a été premier ministre.
Mais, il n’a rien fait pour modifier l’article 312 du CPT. Il ne
pensait pas qu’un jour il aurait besoin lui-même des garanties
de la démocratie et des droits de l’homme.
L’actuel Premier ministre, B. Ecevit,
a déclaré à propos de cette condamnation :
«Je n’arrive pas à admettre qu’Erbakan soit emprisonné . »
Ecevit admet l’emprisonnement d’Akin
Birdal, président de l’Association des droits de l’homme,
de Yilmaz Camlibel, président du Parti de la Démocratie
et de la Paix, de Dogu Perinçek, président du Parti
du Travail et de nombreux autres intellectuels pacifistes et démocrates.
Mais, il n’admet pas celui d’Erbakan, et ce, pour la raison suivante :
celui-ci est un ancien premier ministre et il a un soutien populaire
important.
Le Président du parti ANAP et
vice premier ministre Mesut Yilmaz a déclaré :
« Je suis contre les idées d’Erbakan, mais je trouve
injuste qu’il soit emprisonné du fait de ses opinions. »
Le vrai problème est dit. « Etre
contre les idées », mais ne plus les interdire. Obliger
toutes les personnes à se dire Turques et interdire aux Kurdes
le droit de se prétendre Kurde. Dans un tel pays, personne
n’est à l’abri des poursuites.
Ecevit, Yilmaz et les autres dirigeants
turcs manifestent leurs regrets à propos de la condamnation
d’Ebakan, mais ils ne font rien pour modifier l’article 312 du code
pénal. Pourquoi ? C’est parce que les généraux
du Conseil de Sécurité National ne veulent pas entendre
parler d’une telle modification. D’ailleurs, ils ne veulent aucune
modification du dispositif répressif mis en place par leurs
pairs après le coup d’Etat militaire de 1980. Cela explique,
pour une partie, l’inertie des dirigeants turcs. Il n’est, en effet,
pas certain qu’ils soient pour des changements.
Ecevit est le plus conservateur des hommes
politiques turcs. Yilmaz a un discours ambiguë. Mais, finalement
il se soumet aux décisions du CSN. Le MHP, troisième
parti de la coalition gouvernementale, est, quant à lui,
un parti d’extrême droite.
Bref, les dirigeants de l’Etat turc n’ont
rien fait pour changer la politique du pays.
La visite de Verheugen
à Ankara
La visite de Günther Verheugen,
commissaire européen chargé de l’élargissement ,
à Ankara au mois de Juillet a fait couler beaucoup d’encre.
La presse turque a prétendu qu’il avait communiqué
aux dirigeants turcs un document de la part de l’UE dans lequel
figurait le droit pour la minorité kurde d’avoir des émissions
télévisées ainsi qu’un enseignement en kurde.
Cette information a soulevé, en Turquie, une vague d’indignation
et provoqué une intense protestation contre l’UE. D’après
les déclarations de ces messieurs, les occidentaux voudraient
faire resurgir le traité de Sèvres, il n’y aurait
pas en Turquie d’autres minorités que les Roums ( Grecs de
Turquie) et Arméniens et il n’y aurait pas une langue kurde.
Par la suite, Ecevit a déclaré :
« il n’y a pas eu communication d’un tel document. Nous n’avons
pas parlé du problème kurde ».Verheugen a, de
son côté, déclaré qu’il n’avait pas communiqué
un quelconque document à ce sujet.
Tout ceci a le mérite de mettre
en lumière la position intenable des dirigeants et de la
presse turcs face à l’UE et à la question kurde. La
possibilité de l’enseignement et d’une télévision
kurdes a suffit à rendre ces messieurs si furieux. Dans la
société turque, il existe un véritable syndrome
kurde. On peut s’interroger sérieusement sur la question
de l’entrée de la Turquie dans l’UE.
Les sociologues et psychologues ont du
travail sur la planche : comment une société
peut devenir ainsi ?
Une campagne calomnieuse
contre notre Parti
L’un des événements marquant
du mois de Juillet a été la campagne agressive et
calomnieuse du PKK contre notre Parti et contre notre Secrétaire
Général, Kemal BURKAY.
Nos lecteurs et l’opinion publique
savent que dans le passé le PKK, dans ses publications, a
très souvent lancé des campagnes calomnieuses et de
désinformation contre notre Parti.
Oralement, ces mêmes campagnes
n’ont jamais cessé. La dernière campagne, orchestrée
par la Medya-TV et le quotidien Özgür Politika,
ne nous a pas surpris. Depuis le départ forcé d’Öcalan
de Syrie en automne 1998, le PKK se trouve dans une situation difficile.
Le PKK a essayé de surmonter la difficulté en mettant
à son profit la vive émotion du peuple kurde et de
l’opinion publique à la suite de l’attitude agressive de
l’Etat turc. Il a utilisé la sympathie de l’opinion publique
pour cacher ses politiques erronées. Comme de nombreux autres
partis, notre parti a milité pour qu ‘Öcalan puisse
bénéficie du statut de réfugié politique
en Europe. Mais celui-ci, de même qu’il n’avait pas eu le
courage d’aller au Kurdistan lorsqu’il avait été contraint
de quitter la Syrie, n’a pas eu le courage de rester en Italie par
crainte d’être jugé et condamné. Suite aux menaces
de l’Etat turc, Öcalan a paniqué et a cherché
un pays où il pensait être à l’abris de tout
risque. Finalement, il est tombé dans les mains de l’Etat
turc. On peut même s’interroger sur les véritables
intentions d’Öcalan. A-t-il voulu consciemment être arrêté
par les forces de l’ordre turques ? En effet, alors qu’Öcalan
se trouvait encore à Rome, son avocat hollandais avait déclaré :
« s’il quitte l’Italie, il peut aller en Turquie. » D’autres
personnes ont déclaré qu’Apo leur avait révélé
qu’il pourrait se rendre en Turquie. Le fait qu’Apo (patronyme d’Öcalan),
se sentant en danger et pris de panique, se soit rendu à
l’ennemi pour demander pardon n’a rien de surprenant pour ceux qui
connaissent ses faiblesses et son passé.
Le PKK et ses apôtres ont fabriqué
des théories de complots à propos du départ
forcé d’Öcalan de Syrie et de son arrestation. Celui
qui a des ennemis doit s’attendre à faire face à des
complots. Il est naturel que l’Etat turc ait préparé
des pièges pour arrêter Apo. Le fait que les dirigeants
turcs ont bénéficié de l’aide américaine
est un secret de polichinelle. Tout ceci est vrai. Mais qu’est-ce
qu’ Öcalan et le PKK ont fait pour éviter le piège ?
N’était-il pas prévisible
qu’un jour la Syrie montrerait la porte à Öcalan ?
Ne lui a-t-on pas rappelé cette possibilité à
maintes reprises ? Pourquoi Öcalan, contraint de quitter
la Syrie, n’est-il pas allé au Kurdistan auprès de
ses camarades ? Pourquoi le PKK avait-il mené des actions
violentes en Europe ? Ces actions ont valu au PKK d’être
interdit. Malgré tout, l’Italie a déclaré à
plusieurs reprises qu’elle n’extraderait pas Öcalan vers la
Turquie. Pourquoi a-t-il alors quitté l’Italie, pays où
il avait trouvé refuge.
Si le PKK n’avait pas commis autant d’erreurs,
Öcalan ne serait pas tombé entre les mains des Turcs.
Mais, Öcalan et les autres dirigeants du PKK qui produisent
sans cesse des théories de complot ne se posent aucune question
sur ces faits. Ils ne tirent aucune conclusion de leurs erreurs.
La situation dans laquelle se trouve
Apo depuis son arrestation au Kenya est un fait connu de tout le
monde. Tout ce qui s’est passé depuis n’est un secret pour
personne. Tout s’est passé devant les caméras de télévision.
Öcalan, dès qu’on a enlevé les bandes de ses
yeux a proposé ses service à l’Etat turc en échange
de sa vie. Il n’a pas oublié de rappeler que sa mère
était également turque. D’ailleurs, les responsables
turcs s’attendaient à une telle attitude de sa part, car
ils le connaissent mieux que quiconque.
Lors de l’interrogatoire et du procès,
Öcalan, pour sauver sa peau, a renié tout ce qu’il avait
défendu jusqu'à lors. Il a explicitement fait savoir
qu’il renonçait à tout idée d’indépendance,
de fédération ou d’autonomie. Il a déclaré
en substance : « Donnez moi une chance pour que je puisse
désarmer les combattants kurdes et dissoudre le PKK. Je suis
le seul qui puisse le faire. Car, quoi que je dise, ils m’obéiront.
Pour cela, il faut que je reste en vie. Donner moi une chance pour
que je puisse réparer mon erreur. Je suis au service de l’Etat
turc comme un soldat et j’en suis fier. »
Tout ceci est pitoyable pour un leader
d’un parti qui prétendait mener une lutte de libération
nationale. C’est une situation infâme et inouïe. Tous
les Kurdes, blessés dans leur honneur, ont éprouvé
de la honte face à l’attitude d’Öcalan. Les amis du
peuple kurde ont été surpris. Des milliers de famille
kurdes, dont les fils et filles sont tombés en martyrs dans
cette guerre, les combattants kurdes, les jeunes prêts à
s’immoler pour la cause qu’ils croient juste, les militants du PKK
subissant toutes sortes de tortures et de répressions dans
les prisons turques, ont été choqués par l’attitude
d’Apo. Celui-ci a abaissé les Kurdes.
Cependant, le PKK a continué de
suivre ce personnage. La direction du PKK dite « Conseil de
Présidence » a accepté toutes les déclarations
d’Apo. Ce dernier lui a ordonné de retirer les combattants
des frontières de la Turquie, ce qui a été
immédiatement suivi par les faits. Par groupes, les combattants
du PKK se sont rendus aux autorités turques sur la demande
expresse d’Apo. Le PKK, toujours sur la demande de son chef, a renoncé
aux revendications fondamentales du peuple kurde, a qualifié
les révoltes kurdes du passé de réactionnaires
et a épousé le kémalisme. Il a sans cesse cherché
à trouver des prétextes aux agissements d’Öcalan
pour tromper les Kurdes. En utilisant les mots de paix et de démocratie
qui sont tant indispensables aux Kurdes, il s’est efforcé
de présenter une abdication pure et simple comme une nouvelle
politique honorable.
Tout ceci est inconcevablement honteux.
Pour sauver sa vie, Apo exécute tous les ordres des services
secrets turcs et le PKK obéit aveuglement à son chef.
Profitant de cette situation, l’Etat turc essaye de saper le moral
du peuple kurde et de contraindre l’ensemble du mouvement national
kurde à la résignation. En même temps, il utilise
cette situation dans ses relations avec les Européens en
leur disant : « il n’y a pas de question kurde. Il y avait
un problème de terrorisme. Mais, désormais, nous l’avons
éradiqué. pour les Kurdes ne partageant pas ses points
de vue tant à l’intérieur du parti qu’à l’extérieur.
Il continue ses agressions contre les Kurdes. Öcalan a retiré
ses forces armées au Kurdistan d’Irak. Il veut utiliser,
conformément aux intérêts de la Turquie, cette
force armée contre le PDK (Parti Démocratique du Kurdistan
d’Irak) et contre l’UPK (Union patriotique du Kurdistan) afin de
déstabiliser cette région autonome du Kurdistan. Il
envoie des ordres de tuer à l’encontre des dissidents et
menace les intellectuels et les organisations kurdes qui critiquent
cette politique dangereuse.
Le plus inquiétant, c’est qu’Öcalan
donne ces ordres et messages depuis la prison d’Imrali où
chacun de ses gestes et paroles sont étroitement surveillés.
Sans l’accord et l’autorisation de l’Etat, Öcalan aurait-il
pu envoyer ses messages quotidiens. Comment se fait-il que le régime
autorise les avocats à véhiculer les messages d’Öcalan,
condamné à mort, qu’il désigne comme « la
tête de l’organisation terroriste » ? Comment se
fait-il qu’il n’ouvre pas une enquête à ce sujet ?
L’Etat D’ailleurs, les Kurdes ne demandent rien. Öcalan et
le PKK le prouvent. » Ainsi, l’Etat turc espère surmonter
les difficultés qu’il pourrait rencontrer face à la
question kurde sans la moindre concession.
Nous nous sommes efforcés à
déjouer tous ces plans par des tracts, des articles de presse
et des réunions publiques. Suite à l’appel de notre
camarade Burkay, des centaines d’intellectuels kurdes se sont réunis
à Stockholm et à Cologne, et ont mis en garde l’opinion
publique face à cette évolution dangereuse. C’est
ce qui explique la colère de l’Etat turc et du PKK. Car,
le plan est en train d’être déjoué. Il y a des
gens qui osent dire que le « roi est nu ».
Tous ces misérables qui travaillent
à Medya TV et à Özgür Politika n’ont
pas élevé leur voix contre Apo qui, pour sauver sa
vie, s’est abaissé et a déshonoré le peuple
kurde. Tout au contraire, à l’instar le conseil de présidence
du PKK, ils ont essayé de trouver des prétextes à
cette honteuse trahison. Ils ont commencé une croisade contre
le PSK et contre notre camarade Burkay qui ont dénoncé
cette mascarade. Ils pensent pouvoir nous intimer et tromper le
peuple par des mensonges grossiers.
Selon ces messieurs, Kemal Burkay aurait
fait appel à l’Etat turc pour l’exécution de la peine
d’Öcalan. Il aurait demandé aux combattants du PKK de
se rendre aux autorités turques. Tout ceci est mensonge et
calomnie. On peut difficilement atteindre un tel degré d’infamie.
Décidément, ces gens-là n’ont de respects ni
pour eux-mêmes ni pour l’opinion publique. Ils considèrent
les gens comme des troupeaux qu’ils pourront manipuler à
leur guise.
L’opinion publique sait que le PSK a,
par les tracts qu’il a publiés, demandé la libération
d’Öcalan et l’abolition de la peine de mort. Ces mêmes
revendications ont été reprises dans la déclaration
faite par plus de deux cent intellectuels kurdes réunis à
Cologne à l’appel de K. Burkay. Des dizaines de milliers
de nos militants et sympathisants avaient participé à
la manifestation organisée à Bonn l’année passée
pour réclamer la libération d’Öcalan. C’est Öcalan
lui-même qui appelle ses partisans à se rendre massivement
aux autorités turques. Au contraire, nous disons : « ni
abdication ni aventure ».
Nous n’avons ni de télévision
ni de quotidien. Mais notre force provient du fait que nous disons
la vérité. Mais ces messieurs ont à leur disposition
une télévision et des quotidiens. Malgré tout,
ils s’abaissent et éprouvent le besoin de recourir à
tant de mensonges contre nous. Ceci montre qu’ils n’ont rien d’autre
chose à offrir au peuple que des mensonges. Ils sont dans
une situation pitoyable.
Il est notoire que ni le PSK ni Kemal
Burkay ne disent des contrevérités. L’une de nos valeurs
principales est la dignité. Nous ne nous sommes jamais mis
à genoux devant nos ennemis. Nous n’avons jamais menti au
peuple.
Mais le PKK s’est créé
sur des mensonges et il poursuit son chemin avec ces mêmes
mensonges.
C’est l’Etat turc qui a créé
le PKK pour l’instrumentaliser. Selon ses propres propos (parfois
c’est le Saint-Esprit qui le fait parler), Öcalan était
encadré par des membres des services secrets turcs. Il avait
« à un côté un Monsieur et de l’autre,
une Dame ». Lui, il était au milieu et au sommet. « Pendant
trois ans, l’Etat l’a nourri, lui a fourni les armes ainsi que la
protection. L’Etat l’a utilisé durant ces trois années
contre les autres organisations kurdes... » En dépit
de ces services hautement compromettants, Apo et les autres chefs
du PKK ont osé accuser notre organisation ainsi que les autres
organisations kurdes « d’être des traîtres et des
collaborateurs ». Le PKK, toujours d’après les propres
déclarations d’Öcalan, « en fuyant de MIT (services
secrets turcs) et en rejoignant la Syrie » a commencé
à servir les intérêts de ce pays. Malgré
cela, le PKK n’a eu aucun scrupule à accuser le PSK d’être
dépendant des forces étrangères.
Le PKK a poursuivi son chemin en attribuant
aux autres les adjectifs qui le caractérisaient. C’est une
méthode de guerre et un mécanisme de défense.
Öcalan l’avait appris des services secrets turcs. Il était
coupable et accusateur. Il le fait aujourd ‘hui encore.
Kani Yilmaz (un des responsables du PKK)
qui a été accusé par Öcalan d’être
l’agent des Anglais et des Allemands accuse aujourd’hui Burkay et
le PSK d’être des agents de l’Allemagne. Nous comprenons l’attitude
de Kani Yilmaz, informateur et collaborateur renommé des
autorités turques lorsqu’il était en prison en Turquie.
Qui sait, aujourd’hui se trouvant dans les mains du PKK, il est
obligé de dire des mensonges ou de signer des déclarations
toutes faites. Tout comme les autres misérables qui sont
obligés de participer aux programmes de Medya TV par téléphone,
en citant les phrases qu’on leur dicte.
Pendants des années, les chefs
du PKK ont considéré les revendications d’autonomie
et de fédération comme une trahison. Mais ils ont,
par la suite, eux même revendiqué la fédération
puis l’autonomie. Ce faisant, ils n’ont même pas pensé
à présenter des excuses à ceux qu’ils considéraient
comme des traîtres.
Les chefs du PKK ont menti pendant des
années au peuple. Ils ont présenté au peuple
une situation toute différente de la réalité.
Ils ont promis chaque année la victoire. Quinze années
se sont écoulées ainsi. Lorsqu’ Öcalan est venu
en Italie, ils ont déclaré qu’ils allaient « créer
un Etat kurde grâce à l’aide des Européens ».
A la suite de son arrestation, il ne restait que la colère
contre les Européens. Les revendications d’indépendance,
de fédération ou d’autonomie ont été
reniées. Ils en sont venus à inventer le « théorie
de république démocratique » pour qualifier la
Turquie d’Etat démocratique.
Les chefs du PKK et leurs journalistes
apôtres disent des mensonges en essayant de démentir
notre dernière déclaration. Öcalan depuis l’île
d’Imrali déclare : « Je n’ai menacé personne.
Je n’ai donné aucun ordre de tuer ». Mais voici l’article
du même Öcalan intitulé « L’analyse du camarade
Abdullah Öcalan, Président du PKK » publié
dans le Serxwebun du mois de juin 2000 (déclaration
faite par l’intermédiaire de ses avocats) a propos du groupe
de guérilleros dissident :
« Ces gens-là sont des bandits.
Bien sûr, il faut appliquer les règles de l’état
de guerre. Leur faute est grave. C’est la trahison, la trahison
interne. Les conditions de guerre sont très critiques. Par
conséquent, il faut appliquer les peines les plus sévères... »
Quelle est la signification de ces phrases ?
Öcalan considère comme traîtres les sévères
dans les conditions de guerre. personnes qui n’approuvent pas sa
politique et demande l’application des peines les plus
« La peine la plus sévère »,
c’est évidemment la peine de mort. Si les propos publiés
dans le Serxwebûn sont faux et s’il s’agit d’un complot,
vous devriez alors au lieu de nous accuser interroger les responsables
de Serxwebûn et les avocats qui servent de courrier
à Öcalan.
Car les propos en question ont été
bien publiés dans la livraison du mois de juin de Serxwebûn.
Les amis du peuple kurde et l’Organisation des peuples menacés
ont appris de vos sources même l’existence des menaces et
des ordres de tuer et ils ont réagi.
Notre déclaration relative aux
faits en question n’a été faite qu‘à la fin
du mois de juillet, c’est-à-dire un mois après la
réaction des organisations européennes.
On sait parfaitement que depuis des mois,
qu’outre les personnes qui ont quitté les rangs du PKK, de
nombreuses autres personnes sont détenues par le PKK. Les
agissements du PKK vis-à-vis de ses dissidents sont bien
connus. On peut en citer des centaines de cas. Si l’on tient compte
du fait que le PKK n’a pas hésité à exécuter
ses dissidents en Europe même, on devine aisément le
traitement réservé à ceux qui sont détenus
par le PKK dans les montagnes du Kurdistan.
Le plus surprenant, c’est qu’Öcalan
puisse donner les ordres de tuer depuis la prison d’Imrali. Ceci
est extrêmement grave et inimaginable pour deux raisons. Premièrement,
Öcalan est lui-même condamné à mort. Les
gens se sont mobilisés en Turquie et à l’étranger
pour l’abolition de la peine de mort en Turquie afin d’empêcher
une exécution de la peine d’Öcalan. Mais ce dernier,
alors qu’il a fait toutes les concessions possibles pour sauver
sa vie, n’hésite pas à donner des ordres de tuer comme
il le faisait auparavant depuis la plaine de la Bekaa. Les organes
de presse du PKK n’hésitent pas à publier de tels
ordres.
Deuxièmement, tous ces événements
se déroulent à une période où Öcalan
et son parti ont cessé toute action militaire contre le régime
colonialiste turc et ont opté pour un prétendu programme
de paix et de démocratie. Mais le PKK, qui veut se concilier
avec le régime en cessant les actions armées et en
déclarant être au service de l’Etat turc, ne tolère
pas la démocratie turc serait-il devenu à ce point
démocrate et confiant ?
Qui ne sait pas qu’Öcalan, depuis
son arrestation, est guidé par le régime turc ?
Il faut être naïf pour ignorer que les déclaration
faites par Öcalan à ses avocats sont dictées
par le régime. Les avocats communiquent ensuite ces messages
à l’opinion publique et au PKK. Tout ceci est une évidence.
Les messages d’Öcalan sont conformes aux intérêts
de l’Etat turc. Par le biais du PKK, le régime contrôle
et oriente le mouvement kurde. Le même régime est,
de ce fait, mécontent de l’opposition interne au PKK. Car,
les dissidents ne sont plus contrôlés par l’Etat. C’est
pourquoi, l’Etat facilite autant que possible la communication des
messages d’Öcalan ordonnant au PKK d’exécuter les opposants.
Öcalan dirige son parti dans une sécurité totale
que lui procure l’armée turque.
Dès son arrestation, Öcalan
a marchandé avec le régime pour sauver sa tête.
Les autres chefs du PKK n’ont pas à se faire du soucis pour
la vie d’Öcalan. Le régime n’appliquera pas la condamnation
à la peine de mort d’Öcalan car celui-ci lui rend de
précieux services. Il l’utilisera tant qu’il aura besoin
de lui. Puis, il transformera sa peine capitale en réclusion
à perpétuité. Öcalan sera toujours dans
une cellule bien protégée mais il sera, contrairement
à aujourd’hui, totalement isolé. D’ailleurs, les responsables
du régime n’éprouvent même pas le besoin de
cacher leurs desseins.
Le PSK et Kemal Burkay ne cessent de
dévoiler et de dénoncer ces desseins. C’est ce qui
explique que le régime éprouve tant de haine à
l’encontre de notre Parti. Les spécialistes du régime
sur la question kurde, qui ont des liens étroits avec le
MIT, tel Mahir Kaynak, ne cessent de répéter à
la télévision que « le véritable danger,
c’est le PSK et Burkay » . Le régime est mécontent
que des intellectuels kurdes aient pu se réunir à
Stockholm et à Cologne pour s’élever contre le piège
du régime. Car ces réunions mettent en danger la réussite
de son plan.
Le régime a des raisons d’avoir
peur. Öcalan est dépendant du régime et le PKK
dépendant d’Öcalan. Et tous ces messieurs de Medya TV
et d’Özgür Politika ? De quel côté
êtes-vous ? Etes-vous libres ? Vous avez les bras
liés. Vous êtes dépendants du PKK et, par voie
de conséquence, du régime turc.
Vous n’avez jamais eu de dignité.
Vous n’avez jamais été
libres.
Vous n’avez jamais eu l’esprit libre.
Vous êtes pitoyables.
Chaque fois que vous vous trouvez dans
une impasse, vous recourez à des théories de complots.
Selon vous, tout le monde prépare des complots contre vous.
Le PDK et l’UPK prépareraient une attaque contre le PKK suivant
les ordres de Washington et d’Ankara. Juste à ce moment,
un groupe de guérilleros aurait quitté le PKK et se
serait réfugié dans les régions de l’UPK. Le
PSK, suite aux ordres de l’Allemagne, aurait lancé une campagne
contre le PKK. Toujours au même moment, certains amis du peuple
kurde en Allemagne auraient lancé une campagne contre le
PKK sous « l’impulsion du PSK ».... Et nous en passons.
Pour une fois, essayez de raisonner.
Le PSK critique les erreurs que vous commettez. Au lieu de mener
une lutte honorable pour sauver et libérer Öcalan, vous
marchandez la cause kurde pour la vie d’Öcalan. C’est justement
à cause de cette politique que vos militants quittent vos
rangs. Les amis du peuple kurde vous critiquent sévèrement.
Car, alors qu’ils s’emploient à empêcher la pendaison
d’Öcalan , vous donnez des ordres de tuer. La vie de ceux que
vous détenez est en danger. Par votre politique insensée,
vous créez des tensions au Kurdistan d’Irak et vous vous
préparez à combattre le PDK et l’UPK. Alors que vous
êtes une organisation du Kurdistan de Turquie, vous vous êtes
installés au Kurdistan d’Irak. Vous vous êtes ingérés
dans les affaires intérieures de cette partie du Kurdistan.
Dans le passé, vous avez combattu les organisations du Kurdistan
d’Irak. Aujourd’hui, vous avez retiré vos forces au Kurdistan
d’Irak. Vous ne déniez même pas que vous agissez conformément
aux intérêts de la Turquie et de l’Irak. Vous menacez
les Kurdes irakiens que vous considérez comme des traîtres.
Bref, à part les Etats colonialistes qui se partagent le
Kurdistan, vous déclarez la guerre à tout le monde :
aux organisations kurdes, à vos amis européens, à
votre base. Et vous vous déclarez victimes des complots.
Alors que vous disposez de tant de moyens
de communication, vous craigniez toujours le PSK et K. Burkay. La
question kurde est un syndrome pour les Turcs ; le PSK et Burkay
sont un syndrome pour vous. Peut-être avez-vous des complexes
d’infériorités dus au fait que vous n’avez pas le
courage de dire la vérité. Pour dissimuler les vérités
et votre propre situation, vous avez, comme toujours, recours aux
mensonges et aux calomnies. Jusqu'où allez-vous tromper les
gens par de tels mensonges et théories de complots ?
Le pouvoir de la force, de l’argent et
du mensonge n’est pas éternel. Votre empire créé
sur des mensonges s’écroulera. Cela se produira non parce
que certains voudraient se partager votre héritage ou vous
critiqueraient , mais parce que votre organisation, créée
avec la prétention de mener une lutte de libération
nationale, aurait capitulé sans conditions face à
l’ennemi. Désormais, il n’y a plus aucune raison pour que
le peuple kurde vous soutienne. De même qu’il n’y plus aucune
raison que les militants qui ont gagné vos rangs et qui ont
combattu pour la libération du Kurdistan vous suivent. Le
contraire serait absurde. Vous constaterez vous-même que les
gens ne sont pas des troupeaux. La défaite vous est inévitable.
Elle a déjà commencé. C’est ce qui explique
votre panique. Votre défaite ne sera pas une perte pour le
peuple kurde. Tout au contraire, il sera désormais à
l’abri des mensonges, des provocations et des complots. Il pourra
choisir plus facilement sa voie. Et ce sera le début d’une
véritable libération du peuple kurde, si on réussissait
à déjouer les nouveaux plans et pièges du régime
turc.
LES NOUVELLES EN BREF :
L’ordre d’Öcalan : appliquer
la peine la plus sévère
Au mois de mai, un groupe de guérilleros
en désaccord avec la politique suivie par leur parti a quitté
les bases du PKK au Kurdistan d’Irak et s’est réfugié
chez l’UPK.
Cela a provoqué la colère
du PKK et notamment de son chef Öcalan qui dirige en toute
tranquillité son parti depuis la prison d’Imrali. L’Etat
turc serait très généreux. Certains prétendent
que les autorités lui auraient fourni un talkie-walkie, d’autres
disent qu’on lui aurait fourni un téléphone portable.
Mais même sans ces moyens de communication, il reste toujours
les « avocats » qui rendent visite chaque semaine à
Öcalan. Ils lui résument les événements
et lui fournissent des documents. Puis, ils transmettent au conseil
de présidence du PKK, aux radios et télévisions,
les messages d’Öcalan.
L’un des messages d’Öcalan a été
publié au mois de juin dans l’organe central du PKK, Serxwebûn.
A l’instar des précédents,
c’est un message long qui traite différentes questions. Öcalan
accuse l’UPK en ce qui concerne les dissidents. Il déclare :
« C’est une initiative en vue de créer une organisation
liée à l’UPK. C’est une méthode bien connu
de l’UPK ».En outre, il déclare concernant les
dissidents :
« C’est un groupe de bandits. Bien
sûr, dans les conditions de guerre, il faut appliquer les
règles spéciales. Leur faute est lourde. Il s’agit
d’une trahison interne. On doit appliquer la peine la plus sévère. »
La « peine la plus sévère »
est sans aucun doute la peine de mort. Apo ordonne leur exécution.
C’est une situation bien étrange.
Est-ce de la comédie ou de la tragédie ? Apo
est lui même condamné à la peine capitale. On
se mobilise un peu partout pour empêcher l’exécution
de sa peine. Mais lui, avec une haine incroyable, ordonne l’exécution
de ses propres camarades.
Décidément, il ne changera
pas.
Pourquoi le journal
Roja Teze est saisi ?
Pratiquement toutes les livraisons de
Roja Teze, hebdomadaire bilingue kurde-turc publié à
Istanbul, sont saisies par les autorités. Pourquoi ?
Auparavant, la principale raison de ces
saisies concernait les informations et commentaires sur les Kurdes
et le Kurdistan, ainsi que les critiques dirigées contre
la politique de l’Etat turc face au problème kurde. Pour
les dirigeants turcs, tout ceci constitue une infraction grave,
car visant l’unité de la nation et de la patrie.
Désormais, il existe une nouvelle
raison aux saisies de Roja Teze : critiquer le PKK. Oui, vous
avez bien compris ! Ces derniers temps, les dirigeants turcs
se sentent directement visés par les critiques dirigées
contre le PKK.
Ainsi, par exemple, les numéros
50 et 53 de Roja Teze ont été saisis par le procureur
en raison des articles de Cemil Baran qui critiquaient la nouvelle
politique du PKK.
Cette situation ne doit surprendre personne.
Depuis un certain temps, Öcalan et son parti, selon leurs propres
dires, sont au service de l’Etat. Ils sont donc protégés
par l’Etat, comme avant le coup d’Etat militaire du 12 septembre
1980.
Deux dollars d’amende
pour un policier tortionnaire !
Tout récemment, a été
publié un rapport d’une commission internationale d’enquête
sur la pratique de la torture en Turquie au cours de l’année
écoulée. Les rédacteurs du rapport sont des
parlementaires et des juristes de nationalité suisse, autrichienne
et anglaise.
Ils indiquent dans le rapport que la
torture se poursuit comme dans le passé. L’une des raisons
de cet état est l’insuffisance des lois turques dans la répression
des tortionnaires. Cependant, les juges n’appliquent même
pas les textes existant. Les policiers accusés d’avoir eu
recours à la torture sont condamnés à des peines
insignifiantes ou sont tout simplement acquittés. La police
n’a pas de soucis à se faire sur ce point.
Selon le rapport en question, un policier
a été condamné à trois mois de prison
pour avoir torturé une personne dans un commissariat. La
peine a été convertie à une peine d’amende
d’un million et demi de livres turques. Cela correspond à
2 dollars. En payant les 2 dollars, le policier est parti libre
du tribunal.
Il avait été prouvé
qu’un autre policier avait torturé un enfant de 12 ans. Il
a seulement été condamné à un an de
prison avec sursis. Ce tortionnaire a également quitté
le tribunal libre.
Dans ce pays, les policiers et militaires
peuvent injurier, torturer, voire tuer des gens en toute impunité.
Pour cette raison, ce pays pourrait tout à fait convenir
aux tortionnaires et assassins du monde entier.
Toujours dans ce pays, un enfant accusé
du vol d’un paquet de gâteaux a été condamné
à 6 ans de prison. Ceux qui défendent les droits des
Kurdes et qui critiquent la politique répressive de l’Etat
sont punis de 2 à 20 ans d’emprisonnement.
L’Union Européenne a tardé
à prendre en son sein un tel pays. Bien que ce pays soit
un paradis avec ses belles plages et son soleil, il l’est également
pour les oppresseurs, les tortionnaires et les trafiquants de drogue.
Comme vous le savez, les Européens
sont très optimistes vis-à-vis de la Turquie. Ils
disent : « le lokoum turc est délicieux »,
« les turcs sont hospitaliers » ou bien « il y a
des progrès dans le domaine des droits de l’homme ».
En ce qui concerne les faits précités, ils diront
peut-être :« Il y a toute de même un progrès :
la police n’a, en effet, pas tué l’homme et soumis l’enfant
à la torture ! ».
Les prisons de type
F
Ces derniers temps, on assiste à
un débat tendu en ce qui concerne les prisons. Les détenus
et les prisonniers politiques sont depuis longtemps en attente d’une
amnistie. Le gouvernement avait en effet promis une amnistie pour
les prisonniers. Mais, elle n’a pas eu lieu. Toutefois, l’amnistie
ne concerne pas les détenus et prisonniers politiques. Mais,
les prisons turcs sont surchargés de prisonniers politiques
et de droit commun. C’est pourquoi, la colère et l’impatience
des détenus augmentent chaque jour. Les prisons sont en ébullition.
Les résistances et les grèves de la faim se succèdent.
Certains prisonniers ont été tués ou blessés.
Dans l’ensemble, les prisonniers sont toujours victimes des tortures
et des agressions du régime.
Le gouvernement, tout en donnant de l’espoir
aux prisonniers, tarde à décréter une amnistie.
Il leur prépare en même temps de nouveaux pièges,
tels que les prisons de « type F ».
Ces dernières années, de
nombreuses prisons de ce type ont été construites.
On les appelle aussi « les prisons de type turques » dans
lesquelles, à la place des dortoirs il y a des chambres.
Chaque chambre a une capacité d’accueil maximum de trois
personnes. En fait, ce sont de véritables cellules. Dans
ces prison, il n’y a ni cuisine commune, ni espace collectif pour
le sport et les sorties. Les dirigeants turcs prétendent
que ces prisons sont conformes aux standards contemporains. Cependant,
elles sont uniques au monde. L’expression de « type turc »
en dit beaucoup sur la nature de ces prisons.
Les portes parole du régime prétendent
qu’ils ont recours à ce type de prison pour diminuer les
événement regrettables dans les prisons et pour mieux
contrôler leurs occupants. Mais, leur véritable intention
est de faire taire tous les prisonniers et d’isoler les prisonniers
politiques. D’ailleurs, les prisons de type F sont conçus
pour les « terroristes », c’est-à-dire pour les
délits d’opinion. Car tous les opposants au régime
(intellectuels, journalistes) sont condamnés de l’accusation
de terrorisme.
Le régime vise à démoraliser
les détenus politiques en les mettants dans des cellules
et en coupant tous leurs liens avec l’extérieur et les autres
détenus. Les responsables du régime déclarent
vouloir « éduquer les détenus ». « L’éducation
à la turque » est bien connue : apprendre par cœur
des textes à caractère raciste, la propagande chauvine
et la torture...Dans ces conditions, chaque détenu est privé
de toute garantie.
Ce projet, loin d’être éducatif,
a de quoi enrager les détenus et prévenus qui avec
leur famille ont raison de se révolter.
La solution au problème carcéral
ne passe pas par la construction de prisons encore pires. La solution
c’est une amnistie. La solution c’est la démocratie, le respects
des droits de l’homme, une solution équitable à la
question kurde, du travail pour tout le monde, une véritable
paix sociale.
Les dirigeants turcs, au lieu de changer
les prisons, devraient plutôt changer leur mentalité.
De nouveaux dangers
pour les fonctionnaires d’origine kurde et les fonctionnaires croyants
Le gouvernement turc se prépare
à faire du nettoyage dans la fonction publique en se débarrassant
des fonctionnaires d’origine kurde et des fonctionnaires croyants.
Un décret-loi a été préparé à
cet effet. En fait, les dispositions de nombreux textes prévoient
des peines graves pour les patriotes kurdes dit « séparatistes »
et pour ceux qui ont une croyance religieuse qualifiée de
« réactionnaires ». Visiblement, les responsables
du régime considèrent les textes existants comme insuffisants.
Le nouveau décret-loi prévoit la révocation
des fonctionnaires sans une quelconque décision de justice.
Il s’agit d’une sorte d’exécution extrajudiciaire.
C’est le Conseil de Sécurité
National, c’est-à-dire les généraux, qui impose
ce nouveau texte.
Certains avaient espéré
que la candidature de la Turquie à l’UE pourrait inciter
les dirigeants turcs à œuvrer pour le changement et l’abolition
des dispositions antidémocratiques. Mais, les dirigeants
turcs au lieu de progresser, régressent. C’est leur nature.
DECLARATION DU PARTI
SOCIALISTE DU KURDISTAN :
Le PKK doit libérer les personnes
qu’il détient comme prisonnières !
Le régime turc doit mettre
fin à ses provocations et desseins dangereux !
Selon les informations que nous avons
reçues et dont une partie a été publiée
par la presse, la direction du PKK détient comme prisonniers
un groupes de ses cadres et guérilleros qui désirent
quitter les rangs du PKK ou qui désapprouvent pas l’actuelle
politique de leur parti. Ils sont accusés d’être des
traîtres par la direction du PKK. Leur vie est en danger.
« L’Organisation des peuples opprimés » a fait
une déclaration dans laquelle elle met en garde le PKK.
Dans l’histoire du PKK, des faits similaires
sont assez nombreux. Ce qui est aujourd’hui surprenant, c’est que
le PKK a recours à de telles méthodes à une
époque où il a cessé toute action militaire
contre l’Etat turc et ne cesse de déclarer qu’il œuvre pour
la paix et la démocratie. Fait encore plus surprenant :
c’est Öcalan lui-même qui par l’intermédiaire
de ses avocats accuse et menace les dissidents et les autres personnes.
L’un des messages d’Öcalan a été publié
dans le Serxwebun n° 222 du mois de juin (organe central
du PKK).
Dans ce message, Öcalan accuse les
dissidents d’être des traîtres, demande l’application
des règles de la guerre. Autrement dit, il demande leur exécution.
C’est une situation bien étrange.
En effet, alors que l’opinion publique internationale, les patriotes
kurdes et les démocrates turcs luttent pour l’abolition de
la peine de mort et pour la liberté d’expression, Öcalan,
lui-même condamné à la peine capitale, ne reconnaît
aucune liberté d’expression et de critique aux Kurdes à
l’intérieur comme à l’extérieur de son parti,
et n’hésite pas à réclamer l’exécution
des dissidents.
Dans ces conditions, le PKK et Öcalan
peuvent-ils être crédibles ? Peut-on considérer
leur attitude conforme aux revendications de paix et de démocratie ?
Comment peut-on qualifier l’attitude
du PKK qui continue à utiliser la violence contre les patriotes
kurdes et contre ses propres dissidents et, en même temps,
propose la paix à l’Etat turc, déclare vouloir une
société démocratique et qui a, pour ce motif,
cessé la lutte armée ?
Notre Parti met en garde le PKK :
ne touchez pas à la vie des personnes détenues, libérez-les
et soyez respectueux de leur choix d’avoir quitter les rangs de
votre Parti. Sinon, une fois de plus, il sera démontré
que toutes les déclarations du PKK ne sont pas sincères.
Le PKK sera condamné sévèrement par l’opinion
publique nationale et internationale.
Par ailleurs, il est plus que surprenant
qu’Öcalan, dont chaque parole et geste est étroitement
surveillé, puisse envoyer régulièrement ses
messages à l’extérieur depuis l’île d’Imrali
où il est détenu. Sans l’autorisation et l’accord
de l’Etat turc, ceci est impossible.
Ce n’est un secret pour personne qu’Öcalan,
depuis son arrestation, a proposé ses services à l’Etat
turc, qu’il agit conformément aux directives de l’état
major turc et que, de ce fait, il a pu sauver sa vie. Öcalan
agit en parfaite conformité avec les politiques de l’Etat
turc. C’est ce qui explique que les autorités autorisent
les avocats à rendre public ses messages.
Dans ses messages, Öcalan appelle
le peuple kurde à l’abdication et menace ses partisans, les
patriotes kurdes ainsi que les dirigeants des autres partis kurdes
qui critiquent la nouvelle politique du PKK.
Les avocats qui rendent public de tels
messages ne font rien de bon pour la cause kurde. Leur attitude
est contraire à la déontologie de leur profession.
Ils deviennent ainsi l’instrument d’une machination abominable.
La responsabilité des événements
à venir incombe avant tout à l’Etat turc qui guide
Öcalan, le PKK et ces avocats courriers.
Si le PKK venait à exécuter
les personnes qu’il détient, c’est l’Etat turc qui en sera
le responsable.
Öcalan presse les guérilleros
du PKK qui se sont retirés au Kurdistan d’Irak d’entamer
une guerre contre le pouvoir autonome kurde. C’est l’Etat turc qui
sera tenu pour responsable des événements au Kurdistan
d’Irak.
Si, demain, les tueurs et les provocateurs
du PKK passaient à l’action contre les leaders et militants
kurdes, c’est toujours les dirigeants turcs qui en seront les responsables.
L’Etat turc, après avoir capturé
Öcalan avec l’aide étrangère, a réussi
à neutraliser et à mettre à son service le
PKK par l’intermédiaire d’Öcalan. Toujours grâce
à celui-ci, il espère neutraliser l’ensemble du mouvement
national kurde et se débarrasser de tout obstacle concernant
la question kurde durant le processus d’adhésion à
l’Union Européenne. A cet effet, l’Etat turc a recours à
des méthodes dangereuses pour éliminer l’opposition
kurde consciente et désireuse de déjouer les plans
du régime.
Comme avant le coup d’Etat militaire
du 12 septembre 1980, le régime turc veut utiliser le PKK
contre le mouvement national kurde.
Toutefois, il ne pourra intimider le
mouvement national kurde par de telles méthodes.
En tant que Parti Socialiste du Kurdistan,
nous appelons le peuple kurde et l’opinion publique internationale
à être vigilants contre cette abominable machination.
Personne ne doit rester les bras croisés face aux complots,
aux desseins criminels et terroristes de l’Etat turc.
L’Union Européenne, qui s’apprête
à intégrer la Turquie, a des responsabilités
plus que quiconque.
Nous faisons appel une nouvelle fois
à tous les patriotes kurdes, aux organisations politiques
et démocratiques, aux intellectuels : élevez
votre voix contre le piège du régime turc et contre
les décisions et actions du PKK qui portent atteinte aux
intérêts de la cause nationale kurde. Comme hier, ceux
qui restent simples spectateurs face à ces événements
seront coupables devant le peuple.
Nous demandons à ceux qui ont
participé avec des sentiments patriotiques et sans arrière
pensée au PKK, et qui y demeurent, de prendre conscience
de cette machination et de la refuser. Ils doivent faire leur choix :
sont- ils du côté du régime colonialiste turc
et de ceux qui le servent, ou bien du côté du peuple
kurde ?
Le patriotisme ne consiste pas à
servir le régime colonialiste turc et à agresser les
compatriotes kurdes. L’accomplissement de tels actes constitue la
véritable trahison !
20 Juillet 2000
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