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L' analyse faite par Kemal Burkay à
l'occasion du 25ème anniversaire de la fondation du
Parti Socialiste du Kurdistan (PSK)
-
- En ces jours historiques où
le monde s'apprête à aborder l'an 2000, nous célébrons
le 25ème anniversaire de la fondation de notre Parti.
- 25 années d'existence pour
notre Parti est un événement important. Pour les
partis qui comme le nôtre s'organisent et luttent sous une
féroce répression, cela revêt une importance
toute particulière.
- Durant ces 25 années, notre
Parti a réussi à rester debout en repoussant les
nombreuses attaques du régime colonialiste et de ses valets
et en résistant aux innombrables difficultés tels
que la prison, la torture et l'exil. Nous sommes restés
debout grâce à notre politique clairvoyante, grâce
à nos principes et ainsi que grâce à une lutte
opiniâtre.
- Nous avons le droit d'être
fiers de ce que nous avons accompli durant ce dernier quart de
siècle. C'est pourquoi, je félicite chaleureusement
tous les camarades qui ont participé aux activités
du Parti. Je remercie également tous les amis qui nous
ont soutenus dans notre tâche.
-
- Les caractéristiques
du PSK et ses politiques fondamentales
-
- Par ailleurs, en dépit de
la lutte opiniâtre et d'un lourd tribut, en tant que Parti
et en tant que peuple, nous n'avons hélas toujours pas
atteint nos objectifs : la liberté et la démocratie
dans notre pays. Cette situation est due tant aux facteurs externes
qu'internes : les circonstances désavantageuses et les
erreurs et lacunes de la lutte nationale kurde. J'aborderai ce
point plus loin. Pour le moment, je voudrais résumer brièvement
les politiques fondamentales suivies par notre Parti pendant ces
25 années et donner mon opinion. Quelles politiques avons-nous
suivies ? Etaient-elles justes ou fausses ? Ce faisant, je serais
amené, que je le veuille ou non, à aborder la politique
des autres organisations kurdes. En effet, nous ne sommes pas
seuls sur la scène politique kurde.
- Faisons l'analyse de ces 25 dernières
années. Ceci est nécessaire non seulement pour déterminer
ce qui était juste et ce qui était erronée,
mais aussi pour tirer les leçons du passé et pour
définir les politiques appropriées pour l'avenir.
Nous devons faire cette analyse afin de pouvoir choisir avec lucidité
notre voie et pour la montrer aux masses, en ces jours où
dans notre pays on assiste à d'important changement politique
et à une confusion idéologique et organisationnelle.
-
- Le socialisme
et l'internationalisme
-
- L'un des traits fondamentaux de
notre Parti est son caractère socialiste et ainsi que les
valeurs internationalistes qu'il a défendues fermement
depuis sa fondation. Certains prenant en compte le changement
de rapports de force intervenu au niveau mondial au détriment
des forces socialistes et surtout partant de l'idée que
la nation kurde est colonisée et se trouve sous domination
étrangère et que le Kurdistan est un pays sous développé
considèrent ces revendications comme utopiques ou luxueuses.
- Nous leur répondons : le
processus de lutte entre les forces capitalistes et socialistes
mondiales est long . Ce processus est marqué par des reculs
et des progrès, des hauts et des bas. Des changements peuvent
intervenir dans les rapports de force. Mais, les objectifs à
long terme des sociétés et des organisations représentant
les diverses classes sociales ne peuvent être déterminés
par des changements conjoncturels.
- Nous défendons le socialisme.
Car, les conditions économiques et sociales dans lesquelles
nous vivons et les considérations morales nous l'imposent.
L'écrasante majorité de la population dans toutes
les sociétés contemporaines est composée
de salariés. L'intérêt de ces derniers est
dans le socialisme. Nous pensons que le socialisme mettra fin
à toute sorte de répression et d'inégalité
entre les hommes et créera une société civilisée,
développée, pacifique, composée d'hommes
et de femmes libres et égaux.
- Nous considérons ce typa
de société comme l'avenir de l'humanité.
- On ne peut pas parler de la justice
sociale et de l'égalité tant que les contradictions
entre les patrons et les salariés existeront, tant que
par la réalisation de la plus-value, les employeurs s'empareront
des produits des salariés et tant qu'une partie de la société
vivra dans le luxe alors que les autres seront privés d'un
toit et d'un travail.
- Les sociétés d'aujourd'hui
sont-elles prêtes et désirent-elles un changement
radical ? C'est une autre question. Nous les socialistes, nous
défendons les valeurs progressistes revendiquées
par l'humanité depuis des siècles. Nous oeuvrons
à préparer les hommes à la société
de demain et à réaliser ce type de société.
Les expériences de ce denier siècle ont démontré
que cela n'est pas un rêve. Sans nul doute, l'avenir sera
très différent d'aujourd'hui.
- Le capitalisme, aussi fort qu'il
apparaît aujourd'hui, représente le passé
et le conservatisme. L'homme qui change et qui fait de nouveaux
progrès pour la civilisation et la paix est du côté
du socialisme.
- En ce qui concerne les valeurs
internationalistes que nous défendons fermement depuis
la fondation de notre Parti, elles ne sont ni une mode ni un luxe
pour nous. C'est notre conception du monde, notre mode de vie.
Nous acceptons volontiers les différences de langue, de
religion, de couleurs entre les peuples. Nous refusons le racisme,
le chauvinisme, les politiques de haine et les animosités
entre les peuples. Nous menons notre combat contre l'oppression
et l'exploitation. En outre, il est de notre devoir de nous intéresser
aux problèmes de ceux qui sont victimes de l'injustice,
de la répression dans le monde et de les soutenir autant
que nous le pouvons.
- Si les valeurs internationalistes
avaient pu s'enraciner dans la vie de tous les peuples, les plans
des forces colonialistes, réactionnaires et agressives
seraient déjoués, tant de guerres sanglantes entre
les peuples à cause de différences ethniques, de
couleurs et de croyances n'auraient pas eu lieu. Il aurait été
plus facile de rétablir la paix dans le monde, de résoudre
les affrontements et les autres problèmes internationaux.
- L'internationalisme considère
tous les peuples du monde comme les membres de la famille commune
de l'humanité. Il les considère comme des peuples
frères et préconise la solidarité contre
l'exploitation et l'oppression.
- Le monde appartient à nous
tous. Chacun a le droit d'y vivre librement dans la paix. Le racisme,
le chauvinisme, la xénophobie, le nationalisme exacerbé,
les animosités entre les religions et les confessions doivent
désormais appartenir au passé. Ils sont le résultat
des relations sociales, des instincts et des habitudes du passé.
Les valeurs internationalistes sont nécessaires tout d'abord
pour l'éducation de chaque peuple.
- Par ailleurs, notre identité
socialiste et notre attachement aux valeurs internationalistes
ne nous ont jamais empêché d'accomplir nos tâches
nationales. Nous n'avons pas, comme le prétendent certains,
considéré celles-ci comme des tâches secondaires.
Nous n'avons jamais relâché la lutte contre les régimes
colonialistes et tyranniques qui se sont emparés de notre
pays et de nos droits.
- Nous, les membres du Parti Socialiste
du Kurdistan, nous avons été au premier rang de
la lutte contre le joug colonialiste durant ces 25 dernières
années dans la partie du Kurdistan sous domination turque.
Sur le plan idéologique et politique, nous avons joué
un rôle de première importance. Nous avons travaillé
inlassablement pour organiser le peuple, pour la défense
de la culture kurde et pour faire entendre nos revendications
sur la scène internationale. Pendant ces 25 années,
nous avons mené régulièrement des actions
intenses, nous avons soutenu la lutte menée dans les autres
parties du Kurdistan. Les efforts et l'abnégation faits
par nos camarades pour la libération nationale du peuple
kurde sont exemplaires.
- En résumé, l'internationalisme,
loin de constituer une tare, est un honneur pour nous les socialistes
kurdes. Nous pensons avoir bien réussi à concilier
nos tâches nationales et internationales.
- Au sein de la nation kurde, nous
constituons une force organisée, résistante et combattante.
En même temps, nous représentons les valeurs les
plus progressistes de notre temps au sein de la communauté
kurde. Ceux qui nous critiquent du fait de notre identité
socialiste et de notre attitude internationaliste ont eux-mêmes
l'esprit étroit.
-
- La révolution
de libération nationale et le front national
-
- Bien sûr, on peut prétendre
que le passage au socialisme ou la révolution socialiste
n'est pas la tâche immédiate pour la société
kurde. Nous le pensons également. Nous ne sommes pas irréalistes.
Le peuple kurde dont la patrie est divisée par plusieurs
Etats mène une lutte de survie contre ces derniers qui
essayent de réprimer impitoyablement sa lutte pour la liberté.
Notre tâche immédiate est la libération nationale.
- Dès sa fondation, notre
Parti a dénommé cette tâche comme la révolution
de libération nationale ou la révolution nationale
démocratique. Il s'agit de mettre fin au joug de l'étranger
au Kurdistan, de rendre la nation kurde libre et de créer
une société démocratique.
- Le Parti Socialiste du Kurdistan
oeuvre depuis 25 ans sans relâche pour informer la communauté
kurde sur les mécanismes d'exploitation et de répression
du régime turc, pour organiser la société
kurde afin qu'elle assume ses obligations de la libération
nationale. Dans ce but, nous avons travaillé d'une part
à nous organiser au sein des masses et attirer dans nos
rangs les éléments les plus consciencieux de la
société et d'autre part à rassembler toutes
les forces nationales dans un front national le plus large possible.
- Créer un front national
a été l'un des objectifs essentiels de notre programme.
Sur ce point également, il y a eu une concordance entre
nos déclarations et nos actes.
- Dès nos premières
publications, nous nous sommes opposés aux actes violents,
à la guerre fratricide qui ont détérioré
les relations entre les organisations patriotiques. A maintes
reprises, nous avons appelé les forces patriotiques à
s'unir.
- Nous avons travaillé pour
la création d'un front national au Kurdistan du Nord. Nous
avons toujours pris parti aux travaux de cette nature. Souvent,
nous en avons pris l'initiative.
- Le premier résultat de nos
efforts d'union a été la fondation au début
de l'année 1980 de l'Union Nationale Démocratique
composée de trois organisations (PSK, DDKD et KUK). Malheureusement,
cette union a été éphémère
pour des raisons qui nous sont extérieures. Plus tard,
les pourparlers entamés juste après le coup d'état
du 12 septembre 1980 se sont poursuivis tout au long de l'année
1981 en vue de la création de HEVKARI.
- Au milieu des années 1980,
avec sept autres organisations kurdes, nous avons créé
l'Organisation de Libération du Kurdistan du Nord (TEVGER).
- En 1993, avec le PKK, nous avons
entrepris des démarches pour créer un front. 12
organisations du Kurdistan du Nord ont participé à
ces travaux.
- Certains de ces efforts n'ont pas
abouti. D'autres ont abouti mais ont été éphémères.
L'opinion publique connaît nos efforts sincères et
sérieux non seulement pour la création des unions
mentionnées ci-dessus mais aussi pour leur survie.
- Deux facteurs essentiels ont empêché
la création d'un front national :
- Le premier est l'instabilité
constatée au sein des autres organisations (changement
brusque de politique, scissions, affaiblissement et disparition
sur la scène politique).
- Le deuxième facteur est
l'attitude de certaines organisations en contradiction avec l'esprit
de l'union (sectarisme, tendance consistant à considérer
les autres organisations comme des forces ennemies et à
régler les problèmes par violence).
- Ces facteurs négatifs ont
empêché, malgré toute notre bonne volonté,
la constitution d'un front national au Kurdistan du Nord. La leçon
que nous tirons de cette expérience est celle-ci: pour
la constitution d'un front national, il faut des organisations
conscientes de leur responsabilité, stables, et avec une
continuité dans leurs politiques. En outre, il faut exclure
la violence entre les organisations patriotiques et établir
des relations démocratiques. C'est ainsi qua la confiance
peut s'instaurer entre les organisations et qu'on pourra rassembler
toutes les organisations, petites ou grandes, sur un programme
commun.
-
-
- Les relations
et la politique de coopération et
- de solidarité
avec les autres parties du Kurdistan
-
- Notre politique relative aux relations
avec les autres parties du Kurdistan est nette. Nous ne reconnaissons
évidemment pas les frontières artificielles et imposées
par la force qui divisent le Kurdistan. Supprimer ces frontières
lorsque les conditions seront réunies est le droit du peuple
kurde. Le Kurdistan est un seul pays mais divisé par les
forces étrangères et la nation kurde est une seule
nation divisée et opprimée par les mêmes forces.
- Toutefois, quelles que soient l'injustice
et l'illégitimité de ces frontières fixées
depuis des décennies, elles sont une réalité.
Leur abolition ne peut se faire immédiatement. Les conséquences
provoquées par ces frontières sont bien réelles.
La situation politique n'est pas la même dans toutes les
parties du Kurdistan. La lutte du peuple kurde dans chaque partie
du Kurdistan doit être menée par des moyens et méthodes
conformes aux conditions de cette partie. Ce sont les organisations
kurdes de chaque partie qui sont les plus aptes à déterminer
ces moyens et méthodes de lutte. D'ailleurs, dans la pratique,
chaque partie de notre pays a des organisations propres.
- Les relations entre les organisations
de toutes les parties du Kurdistan doivent être amicales
et fraternelles. Il doit exister une solidarité entre ces
organisations. Les critiques doivent être constructives
et les problèmes qui pourraient exister doivent être
résolus par le dialogue. En aucune façon, on ne
doit recourir à la violence pour résoudre les problèmes.
- Depuis le début, nous avons
poursuivi cette politique avec fermeté. Cela explique,
malgré nos divergences sur certains points et parfois des
critiques sérieuses, la confiance et les relations amicales
solides qui existent entre nous et les organisations dans les
autres parties du Kurdistan.
- Proposer une seule organisation
ou bien une révolution commune pour toutes les parties
du Kurdistan est toute à la fois irréaliste et dangereux.
En effet, une organisation défendant une telle conception
sera amenée à intervenir dans les affaires intérieures
des autres parties. Cela peut provoquer des conflits et des affrontements
fratricides entre les organisations de différentes parties
du Kurdistan. Dans le passé, nous avons assisté
à de tels événements.
- Dernièrement, le PKK a commencé
à s'organiser d'abord parmi les Kurdes de Syrie, puis au
Kurdistan du Sud (Kurdistan d'Irak) et ensuite au Kurdistan de
l'Est (Kurdistan d'Iran). Cette politique a créé
des conflits entre le PKK et les organisations kurdes dans ces
parties du Kurdistan. En particulier, les événements
vécus au Kurdistan d'Irak en sont l'exemple. Le PKK est
intervenu dans les affaires intérieures du Kurdistan d'Irak.
Plusieurs fois, il a combattu les Kurdes de cette région.
La confiance entre les différentes parties du Kurdistan
a été ébranlée. La guerre fratricide
a causé d'énormes pertes humaines et n'a profité
qu'à nos ennemis.
- De l'autre côté, la
collaboration, la solidarité et l'harmonie entre les différentes
parties de notre pays sont nécessaires et revêtent
une grande importance. Depuis sa fondation, notre Parti a manifesté
sa solidarité fraternelle avec la lutte nationale kurde
dans les autres parties. Nous avons soutenu leur lutte contre
les régimes colonialistes. En même temps, nous avons
critiqué leurs erreurs pouvant porter préjudice
à la lutte nationale.
- Nous avons eu des efforts intenses
entre 1980 et 1990 avec certaines organisations des autres parties
notamment l'Union Patriotique du Kurdistan (Irak), le Parti Démocratique
du Kurdistan (Irak), le Parti Démocratique des Kurdes progressistes
de Syrie, le Parti Démocratique du Kurdistan (Iran), le
Parti Communiste (Irak et Syrie) pour créer un conseil
ou bien un congrès national, une organisation pouvant assurer
la solidarité et la coordination entre les forces patriotiques
dans les quatre parties.
- Avec la constitution de TEVGER,
nous avons mené ces activités au nom de TEVGER avec
le Front du Kurdistan d'Irak et le PDK Iran. L'opinion publique
est au courante de ces activités. Plus tard, nous avons
poursuivi nos efforts pour la création d'un véritable
congrès national qui puisse représenter les organisations
dans les quatre parties du Kurdistan et qui ne soit pas le satellite
d'un parti politique.
- Hélas, ces efforts ont échoué
à cause des problèmes et des conflits entre les
organisations et à cause de certains facteurs extérieurs.
En ce qui concerne notre Parti, il n'existait aucun obstacle ni
aucun facteur extérieur pouvant empêcher l'union.
En effet, nous n'étions en conflit avec aucune organisation,
nous ne les considérions pas comme des ennemies et nous
n'avions aucun lien avec un des pays colonialistes qui aurait
pu hypothéquer notre politique. En tant que PSK, nous avons
déterminé en toute indépendance notre politique
et nous avons agi conformément aux intérêts
du mouvement national. Sur ce point également, nous n'avons
pas des reproches à nous faire.
-
-
- Les relations
avec les peuples voisins,
- la politique
de solidarité avec les forces démocratiques
-
- Notre Parti a toujours accordé
une grande importance à la solidarité avec les forces
progressistes, pacifiques et démocratiques des peuples
voisins. Cette position est également un des points essentiels
de notre politique d'alliance.
- Les Etats qui se partagent notre
pays font tout leur possible pour opposer les peuples voisins
à notre peuple, créer des sentiments de haine et
des conflits entre ceux-ci dans le but de diviser pour mieux régner.
Sans doute, les Kurdes éprouvent une haine contre ceux
qui les soumettent à une sévère oppression
et exploitation colonialistes. Toutefois, ce ne sont pas les sentiments
de haine mais c'est le bon sens qui a déterminé
notre politique.
- Bien qu'ayant une vive hostilité
à l'égard des régimes colonialistes et des
forces dominantes responsables de la politique répressive,
nous n'avons en aucune façon considéré le
peuple turc, arabe et perse comme des forces ennemies. Tout au
contraire, nous avons mis l'accent sur l'intérêt
commun avec ces peuples. Nous avons toujours insisté sur
la nécessité d'une solidarité pour la démocratie,
la liberté et le socialisme et contre le régime
répressif dont souffrent également ces peuples.
Nous avons fait confiance aux personnes amies, aux vrais intellectuels,
aux forces progressistes, démocratiques et révolutionnaires
des peuples voisins avec qui nous avons poursuivi une politique
amicale. Nous pensons que cette politique est conforme aux intérêts
du peuple kurde. Nous avons ainsi pu sensibiliser de nombreuses
personnalités qui sont devenues les amies du peuple kurde.
Dans la pratique, nous avons prouvé qu'une lutte commune
est possible. Après le coup d'état militaire de
1980, la création de l'Union de la Gauche composée
de six organisations kurdes et turques a été un
bon exemple.
- Si le mouvement national kurde
tout entier avait poursuivi avec fermeté une telle politique,
nous aurions aujourd'hui un soutien beaucoup plus large et efficace
au sein du peuple turc et parmi les autres peuples voisins. Nous
aurions pu alors déjouer les plans des régimes colonialistes
qui consistent à opposer les peuples les uns contre les
autres.
- Malheureusement, certaines organisations
kurdes n'ont pas compris la portée de cette politique.
Au nom de patriotisme kurde, elles ont poursuivi des politiques
sectaires qui ont affaibli les liens amicaux avec les peuples
voisins. La politique de ces organisations, quelle que soit leur
intention, a profité aux régimes colonialistes.
- Notre Parti dès sa fondation
a mis en évidence d'une façon nette le lien étroit
qui existe entre la libération du peuple kurde et la démocratie
en Turquie. Dans le premier numéro de la revue, Ozgurluk
Yolu, en juin 1975, le premier article était intitulé
: "la tâche urgente est le passage à la démocratie."
- Dans cet article, nous indiquions
que la société devait faire un choix entre le fascisme
et la démocratie et que la tâche urgente était
d'empêcher l'arrivée du fascisme.
- << L'échec du fascisme
et la victoire des forces démocratiques ouvriront des horizons
nouveaux à notre mouvement révolutionnaire>>
écrivions-nous. L'un de slogans essentiels, pour ne pas
dire le principal, de notre parti a été: <<
Démocratie pour la Turquie - liberté pour le Kurdistan".
- A cette époque, la quasi
totalité des organisations et groupes kurdes, contrairement
à notre Parti, sous-estimaient et refusaient la lutte pour
la démocratie et la lutte commune des deux peuples contre
le fascisme. Ils considéraient que la lutte contre le fascisme
n'était pas la tâche des Kurdes.
- Cette divergence entre nous et
les autres organisations kurdes s'est poursuivie pendant des années.
Mais, le temps nous a donné raison. Ceux qui dans le passé
sous-estimaient la lutte pour la démocratie et qui nous
accusaient d'être des réformistes voulant intégrer
le mouvement national kurde dans la gauche turque, ont approuvé
notre attitude. Certains ne se sont pas contentés d'approuver
notre politique dans ce domaine, mais ils sont allés plus
loin. En effet, au nom de la "République démocratique",
ils ont renoncé aux revendications essentielles des Kurdes.
C'est la politique de tout ou rien.
-
- La politique
poursuivie sur le plan international
-
- Notre Parti grâce notamment
aux activités organisationnelles des travailleurs et intellectuels
kurdes installés en Europe a mené des activités
intenses sur la scène internationale pour informer l'opinion
publique sur la question kurde et pour obtenir un soutien à
notre lutte.
- Nous avons poursuivi une politique
dont l'objectif était de gagner du soutien et d'isoler
le régime colonialiste. A la suite du travail effectué
avec patience pendant des années, nous avons pu obtenir
des résultats tangibles. Grâce à nos activités
et ainsi que celles des autres groupes kurdes la sympathie dont
bénéficiait la lutte du peuple kurde s'est renforcée.
Toutefois, les actions violentes du PKK en Europe, malgré
leur large écho dans la presse, ont porté des préjudices
à notre lutte. Elles ont eu pour conséquence l'affaiblissement
de la sympathie dont bénéficiait le peuple kurde
et ont profité au régime turc.
-
- Les deux formes d'une solution
politique : un Etat séparé ou la fédération
-
- Pendant longtemps, l'une de nos
divergence avec les autres partis et groupes du Kurdistan de Turquie
a été notre proposition d'une fédération
comme solution à la question kurde.
- Notre approche de principe relative
à la solution de la question kurde qui est une question
nationale est nette depuis le début et elle n'a pas changé.
Nous défendons le droit à l'autodétermination
du peuple kurde. Nous considérons que ce droit peut se
réaliser sous deux formes : l'indépendance ou la
fédération. Plus précisément, un Etat
séparé ou la fédération. En effet,
que les Kurdes choisissent de créer un Etat séparé
ou qu'ils choisissent une union fédérale avec le
peuple turc (sous la forme d'une fédération de deux
républiques avec des droits égaux), la nation kurde
sera dans les deux cas indépendante. Nous n'acceptons aucun
statut de dépendance. La réalisation d'un de ces
choix dépend des conditions objectives et historiques.
- Comme on le sait, presque la quasi
totalité des organisations du Kurdistan du Nord pendant
longtemps ont défendu exclusivement un Etat séparé
en dédaignant la revendication d'une fédération.
Elles nous ont critiqués. Le PKK allant plus loin a considéré
que revendiquer la fédération était la trahison.
- Par ironie du sort, ce fut le PKK
qui le premier a admis une solution fédérale. La
position de certaines autres organisations kurdes relatives à
la question de la fédération s'est assouplie avec
le temps. Mais, il existe toujours des organisations qui excluent
une telle perspective.
- Nous insistons sur la revendication
de fédération pour deux raisons : Premièrement,
considérer qu'il est possible que le peuple kurde puisse
vivre au sein d'une fédération avec le peuple turc
et pour les autres parties du Kurdistan avec les peuples arabe,
perse et azéri et revendiquer une telle union est conforme
à notre conception du socialisme.
- Nous considérons les peuples
comme des frères. Lorsqu'ils sont libres, la confiance
mutuelle se renforce et des unions librement consenties sont possibles.
A une époque, l'Union soviétique a été
une expérience pour une telle union. La Suisse est un bon
exemple du monde capitaliste. Il en existe bien sûr d'autres
exemples. On peut citer aussi l'Union européenne qui n'est
autre chose qu'une fédération ou une confédération.
- La deuxième raison pour
laquelle nous prévoyons l'éventualité de
la fédération et que nous insistons même sur
ce choix est la réalité politique. Notre revendication
de fédération est plus réaliste au regard
des circonstances du Kurdistan. Elle est conforme aux rapports
des forces dans la région et dans le monde. Sans un changement
inattendu dans la région, il est difficile pour les Kurdes,
partagés par quarte Etats et de ce fait encerclés,
de modifier les frontières de ces quatre Etats et de créer
un Etat indépendant. Les Etats dans la région sont
hostiles à la création d'un tel Etat. En outre,
les Kurdes n'ont pas le soutien international pour une telle éventualité.
Par contre, la revendication de fédération peut
bénéficier d'un soutien international et elle peut
être acceptée à certaines époques par
l'opinion publique des peuples avec qui nous vivons ensemble dans
les frontières des Etats qui se partagent le Kurdistan.
- L'expérience des 25 dernières
années et les relations internationales démontrent
sans équivoque que la revendication de la fédération
est réaliste. Cette revendication élargit notre
champ de manuvres politique.
-
- Des revendications
urgentes et démocratiques conformes aux circonstances
-
- Par ailleurs, pour atteindre les
objectifs dans la lutte politique, il ne suffit pas de rédiger
des programmes maximums, il faut avoir aussi des revendications
économiques et démocratiques qui soient conformes
aux circonstances et correspondent aux besoins de la société
afin de gagner les masses et en même temps de trouver des
compromis pour faciliter la solution des questions. C'est ce que
nous avons toujours fait. Pour une solution de la question kurde
par le dialogue et le compromis et pour ouvrir la voie de la paix,
nous avons à de multiples reprises fait des propositions
concrètes à la partie adverse. Une grande partie
de nos revendications est devenue avec le temps celle de l'opinion
publique.
- Il s'agit par exemple de la libre
expression de la langue kurde dans la presse et l'éducation,
la libre discussion de la question kurde, la possibilité
pour les partis politiques et associations culturelles kurdes
de pouvoir s'organiser librement.
- Nous avons ensuite fait d'autres
propositions telles qu'un cessez-le-feu bilatéral, la possibilité
pour les Kurdes déportés de retourner dans leur
village et l'indemnisation des préjudices qu'ils ont subis,
la fin de l'état d'exception et du système de protecteurs
de village et une amnistie générale, la démocratisation
de la constitution et des autres lois.
-
- La démocratie
interne au Parti
-
- Dans le fonctionnement interne
du Parti, nous avons appliqué les principes du centralisme
démocratique.
- Le Parti a été dirigé
du haut vers le bas suivant les décisions prises conformément
au programme et au règlement intérieur du Parti
par le Congrès, le Comité Central et les autres
organes compétents. Le Parti a réuni à cinq
reprises son Congrès. Le Comité central a été
élu par les Congrès.
- C'est le règlement intérieur
qui détermine les relations internes de notre organisation.
Nous avons fait des efforts constants pour mieux faire fonctionner
la démocratie interne. Une liberté totale d'expression
et de critique existent avant chaque prise de décision
dans les organes. Mais respecter la décision d'un organe
est également une règle. Quels que soient ses capacités
ou son sens d'abnégation, une personne ne peut pas être
au-dessus des organes, et ne doit pas imposer ses points de vue.
- Durant 25 ans, notre Parti a pu
résoudre certains problèmes internes dont une partie
au niveau du CC par des décisions prises après des
discussions libres et en informant ses membres. C'est ainsi que
nous avons pu donner confiance à nos cadres et sauvegarder
notre unité.
- Depuis 25 ans, j'assume la fonction
de Secrétaire Général du Parti. C'est très
long. Le non changement du secrétaire général
n'est du ni à une quelconque disposition du règlement
intérieur ni à ma passion pour cette fonction. Au
contraire, à plusieurs reprises, j'ai demandé personnellement
en toute franchise que cette fonction soit confiée à
un autre camarade. Toutefois, le CC du Parti à la suite
de chaque Congrès m'a confié cette tâche qui
est à la fois difficile et gratifiante. Croyant à
la cause du peuple et conscient de mes responsabilités,
je me suis efforcé d'accomplir ma fonction au mieux de
mes possibilités. Je remercie les camarades qui m'ont trouvé
digne dans ma mission.
- Certes, le rôle et les qualités
des personnes ont une importance dans le travail organisationnel.
Mais, le plus important ce sont les politiques suivies, les principes
et les règles. Aucune organisation ayant une certaine stabilité
et un fonctionnement démocratique ne sera déboussolée
avec le changement des dirigeants. Elle pourra en effet choisir
en son sein de nouveaux dirigeants et poursuivre son chemin. Le
culte de la personnalité et le pouvoir personnel qui excluent
les organes constituent une lacune qui est propre aux sociétés
arriérées. Parallèlement, le pouvoir arbitraire
paralyse la démocratie interne de l'organisation, porte
atteinte à la libre discussion, au pouvoir collectif et
il crée des dictateurs.
- Dans notre Parti, il est de tradition
de s'adresser à nos membres avant toutes prises de décisions
et de changements importants dans la politique du parti ainsi
qu'avant les réunions de chaque Congrès. Nous avons
organisé également à plusieurs reprises des
conférences pour discuter de la politique à suivre.
Chaque membre participe à la formation des politiques du
parti proportionnellement à ses pouvoirs et responsabilités.
- Si notre Parti a réussi
à rester debout dans le contexte étouffant de la
Turquie et du Kurdistan, c'est en grande partie grâce au
bon fonctionnement de notre démocratie interne. Nous avons
pu traverser des phases difficiles en discutant, en prenant des
décisions nouvelles et en renouvelant en cas de nécessité
notre politique et notre mode de fonctionnement par des modifications
opérées dans notre programme et le règlement
intérieur. Par exemple, à l'époque où
le système socialiste s'est écroulé et où
certains partis communistes et socialistes ont disparu de la scène,
notre Parti a pu poursuivre son chemin en tirant les leçons
des expériences vécues grâce à un riche
débat interne. Nous avons pu éviter la dispersion
grâce à deux conférences organisées
en 1989 et au Congrès réuni en 1992.
-
-
- Conformément aux circonstances
du pays et aux rapports de forces internationaux, nous avons choisi
comme forme d'action la lutte politique pacifique
-
- Pour atteindre les objectifs tant
dans la lutte des classes que dans la lutte nationale, il est
naturel d'avoir recours aux moyens et formes de luttes légitimes
conformes aux circonstances.
- Néanmoins, l'expérience
riche des luttes sociales et nationales a démontré
que la forme principale de la lutte est politique.
- La révolution ni aucun changement
radical ne sont possible sans une participation organisée
du peuple. Elever le niveau de conscience des masses, les organiser
afin de les mettre en mouvement, nécessite une longue lutte
politique, diversifiée, patiente, intense. Dans certaines
circonstances notamment lorsque la partie adverse utilise la violence
se défendre par les mêmes méthodes est naturelle
et constitue un droit. Le droit de résistance contre l'oppression
existe aussi bien dans le religion que dans la politique. Ce droit
est consacré par la Déclaration universelle des
droits de l'Homme de L'O.N.U. Toutefois, recourir aux armes et
à la violence dans la lutte sociale ou nationale n'est
pas un but. Lorsqu'il est possible de mener la lutte dans la légalité
et pacifiquement, il est nul besoin de recourir à la violence.
En outre, même en l'absence de possibilité de la
lutte légale et pacifique, le recours à la lutte
armée ne doit pas être automatique. Ceux qui ont
la prétention de diriger la lutte des travailleurs ou d'un
peuple opprimé doivent dans chaque cas rechercher si les
circonstances sont favorables à lutte armée et peser
les avantages et les inconvénients de cette forme de lutte.
Il faut bien choisir le moment et le lieu de la lutte armée,
afin que celle-ci ne profite pas à la partie adverse et
serve les forces de libération.
- Partant de cette idée, notre
Parti ne condamne pas la lutte armée pour le peuple kurde
et la considère comme un droit légitime. Toutefois,
nous estimons que les conditions au Kurdistan du Nord et les rapports
de force au Proche-Orient ne sont pas favorables à la lutte
armée.
- Quelles sont ces conditions ? A
plusieurs reprises, j'ai eu l'occasion de m'exprimer sur ce sujet.
Je voudrais une nouvelle fois donner notre point de vue brièvement
: Notre pays est partagé entre quatre Etats et il est encerclé
par ces derniers. Le Kurdistan n'a aucune ouverture ni terrestre,
ni maritime vers l'extérieur. Cette situation handicape
fortement les forces nationales kurdes menant la lutte armée
dans leurs relations avec l'extérieur. Or, la lutte armée
nécessite une base arrière sûre, un soutien
logistique et des relations intenses avec le monde extérieur.
Dans ces conditions, il est difficile d'acheminer au Kurdistan
l'aide des forces amies ( armes, matériel et personnel
).
- C'est pourquoi, comme le démontre
d'une manière évidente l'histoire de la lutte du
peuple kurde, les organisations kurdes menant la lutte armée
dans une partie du Kurdistan s'adressent aux autres Etats colonialistes
( Iran, Irak, Syrie et Turquie ) pour avoir du soutien militaire,
alimentaire et matériel et pour constituer des bases arrières.
Or, chacun de ces Etats a des problèmes avec ses propres
Kurdes. Chacun d'eux détient une partie du Kurdistan. Par
conséquent, aucun de ces Etats ne souhaite la victoire
du mouvement kurde. Non seulement ils sont hostiles à la
création d'un état Kurde dans un pays voisin, mais
en plus ils ne tolèrent pas une autonomie des Kurdes. A
plusieurs reprises les Etats en question ayant des intérêts
communs se sont alliés pour réprimer le mouvement
national kurde. Le but de l'Etat voisin qui a des liens avec les
partis politiques kurdes est d'utiliser le mouvement kurde comme
un atout contre un autre Etat, voire contre ses propres Kurdes.
- C'est ce qu'on fait l'Iran, l'Irak,
la Syrie et plus récemment la Turquie. Bénéficiant
d'un soutien de ce type, les Kurdes ont mené la guerre
sans jamais la gagner. Car, le soutien fourni n'était pas
suffisant pour la victoire Kurdes. De l'autre côté,
les partis kurdes qui se sont alliés avec un Etat colonialiste
détenant une partie du Kurdistan ont la plupart du temps
perdu leur indépendance, et ont parfois combattu les autres
organisations kurdes dans les intérêts des Etats
colonialistes.
- La division du Kurdistan entre
quatre Etats est l'une des causes également du soutien
international insuffisant voir inexistant au mouvement national
kurde. Ni hier quand le monde était divisé en deux
systèmes opposés, ni aujourd'hui, quel que soit
son système social, aucun Etat grand ou petit n'a voulu
mettre en péril ses relations avec les quatre Etats du
Proche-Orient (Turquie, Irak, Iran et Syrie) pour les droits des
kurdes. En outre, le Kurdistan du Nord est détenu par la
Turquie qui est membre de l'Otan. On ne pouvait pas s'attendre
à ce que l'Otan soutient la lutte de libération
du Kurdistan. L'Otan a toujours soutenu la Turquie .
- Une organisation qui a recourt
à la lutte armée doit prendre en compte tous ces
facteurs. Comme dans le passé, aujourd'hui également
une lutte armée de libération nationale ne peut
aboutir sans bénéficier d'un soutien international
sérieux. Les Kurdes pour les raisons ci-dessus sont privés
d'un tel soutien.
- Dans de telles circonstances, il
était évident dès le début que la
lutte armée n'avait pas de chances de succès, et
qu'elle aggraverait la situation des Kurdes.
- Je dois insister également
sur un autre point important. Dans les années 1960 et 1970,
c'est le régime turc lui-même qui a essayé
de pousser vers une lutte armée intempestive l'ensemble
de la gauche turque et le mouvement kurde. Son objectif était
d'attirer sur un terrain où il se sentait fort pour écraser
le mouvement populaire. Il a sans cesse provoqué la gauche
et les Kurdes. Le régime a malheureusement atteint ses
objectifs en utilisant ses agents et provocateurs et des organisations
écrans.
- Dans notre cas, le recours à
la lutte armée n'était possible que dans un seul
cas : un soulèvement des travailleurs, de la gauche et
des forces démocratiques en Turquie, autrement dit un soulèvement
des masses populaires turques. C'est ainsi que le peuple kurde
n'aurait pas été isolé et encerclé.
La lutte combinée des deux peuples aurait pu renverser
ce régime despotique.
- Prenant en compte ces facteurs,
notre Parti n'a pas entamé la lutte armée et a mis
en garde ceux qui étaient tentés par cette perspective.
Il nous a été difficile d'expliquer notre point
de vue aux autres organisations dans le contexte d'extrême
tension des années 70 et 80.
- En particulier le PKK, pour des
raisons internes, mais aussi pour des raisons extérieures
a eu recourt à la lutte armée. Mais le résultat
est stérile. Hélas, c'est nous qui avions raison.
- Faisons abstraction de la nature
des actions armées du PKK avant le coup d'état militaire
de 1980. Mais les conséquences de 15 années de guerre
commencée en août 84 sont la destruction de quatre
milles villages et de dizaines de villes kurdes, le Kurdistan
est un champ de ruine. Les pertes humaines se comptent par des
dizaines de milliers. Le peuple a enduré des souffrances
considérables. Des millions de Kurdes ont quitté
le Kurdistan et ont été contraints à un exil
intérieur. Quels sont les acquis ? Malgré les promesses
réitérées du PKK de créer une région
libérée puis un Etat indépendant, aucune
parcelle du territoire du Kurdistan n'a pu être libérée.
Aucun droit n'a pu être obtenu. On peut même dire
que sur certains points il y a eu une régression.
- Notre Parti était conscient
depuis toujours de cette impasse. Outre nos avertissements avant
le coup d'état de 1980, nous avons déclaré
lorsque le PKK a lancé ses actions armée en 1984,
que celles-ci n'avaient pas de chance de succès, que c'était
une aventure qui causerait des pertes énormes. Toutefois,
avec le développement des actions de la guérilla,
beaucoup de personnes ont perdu leur bon sens. Enthousiastes,
elles ont cru la victoire à la portée de la main.
En ce qui nous concerne, nous nous ne sommes pas fait d'illusions
sur l'issue de la guerre. Nous avons conservé notre attitude
réaliste. Bien évidemment, nous avons dirigé
notre propagande contre le régime colonialiste que nous
considérons comme le vrai responsable de la guerre. Mais,
nous avons poursuivi à défendre la vérité.
Lors d'un reportage avec la revue DENG en janvier 1991, nous déclarions
: " Entamer la résistance armée alors que les rapports
de force, les circonstances nationales et internationales sont
défavorables non seulement ne peut pas apporter la victoire,
mais de plus peut causer la destruction des combattants et du
peuple."
- Dans le même reportage, nous
disions que la victoire n'était pas possible avec une lutte
qui s'appuie sur la Syrie et les autres pays colonialistes et
celui qui croit en une telle victoire ne fait que se tromper.
- Aujourd'hui, il est plus facile
de voir le résultat de la guerre : outre la destruction
du Kurdistan, aucun résultat tangible. Il n'est pas nécessaire
d'insister sur la situation du PKK qui n'a même pas pu trouver
un refuge pour son Président Ocalan et empêcher l'arrestation
de celui-ci par la Turquie. Le PKK a abandonné les armes
sans aucune condition il a renoncé aux revendications nationales
kurdes.
- N'y avait-il pas en dehors de la
lutte armée d'autres moyens de lutte pour la libération
nationale du peuple kurde? Certes, il y en avait. Ocalan lui-même
après son arrestation par la Turquie, après avoir
perdu en quelque sorte le jeu, déclare s'être trompé
20 ans auparavant. Il précise en effet que la lutte politique
et pacifique est plus conforme à la situation. Ocalan a-t-il
véritablement changé ou fait-il ses déclarerions
pour des considérations personnelles ? Je ne le sais pas.
Mais son Parti a approuvé ces déclarations. Il existe
toujours des organisations kurdes qui considèrent que sans
la lutte armée on ne peut résoudre la question.
Cela doit provenir des lacunes de la société kurde.
A chaque fois, les Kurdes lassés par la répression
et l'injustice ont pris le maquis qui leur paraissait un raccourci
facile. Beaucoup de Kurdes pensaient que c'était le seul
moyen de faire la politique, et d'obtenir la libération
nationale.
- Or, la politique est avant tout
une lutte menée aux moyens de la propagande écrite
et orale, de l'organisation et de mouvement des masses. La plus
grande force c'est celle des masses instruites, organisées
et agissant pour leurs intérêts. Le recours à
la lutte armée à certaines étapes de la lutte
ne doit pas nous amener à la généraliser
et à la considérer comme la principale forme de
lutte. Il est possible d'atteindre les objectifs avec les autres
formes de la lutte politique. Cela était possible dans
le passé pour le Kurdistan du Nord et reste toujours possible.
- Avant le coup d'état du
12 mars 1971 et du 12 septembre 1980, des possibilités
existaient pour mener la lutte politique. Avant le 12 mars, le
Parti Ouvrier de Turquie, les DDKO, les rassemblements de l'Est
et les nombreuses publications légales en sont la preuve.
Depuis le 12 septembre, on a assisté à un élargissement
des possibilités de mener une lutte dans la légalité
: l'existence légale de nombreux partis de gauche, les
activités nombreuses du mouvement national kurde dans la
légalité.
- Toutefois, la gauche turque avant
le coup d'état militaire du 12 mars 1971 par impatience
s'est dirigée vers la clandestinité et les actions
armées intempestives. De son côté, le mouvement
national kurde aussi ne calculant pas le pour et le contre a opté
pour les actions armées.
- Or, même si le mouvement
national kurde était contraint d'une certaine manière
à la clandestinité par le fait que le régime
n'autorisait pas totalement une lutte légale, il pouvait
tout de même poursuivre sa lutte sans recourir à
la violence. Il existait de nombreux moyens et formes de lutte
pacifique.
- Par exemple, le PDK (Parti Démocratique
du Kurdistan) s'était organisé dès les années
60. Notre Parti dont le titre initial était PSKT était
créé vers la fin de l'année 1974. D'autres
partis kurdes par la suite ont vu le jour. A cette même
époque, nous avons commencé la publication d'Ozgurluk
Yolu et de Roja Welat qui était bilingue (kurde/turc).
Ozgurluk Yolu était tiré à environ 10 milles
exemplaires et Roja Welat à 30-40 milles. Nous les diffusions
dans toute la Turquie et dans les coins les plus éloignés
du Kurdistan. De très nombreuses associations culturelles
étaient créées un peu partout. Nous avons
gagné les élections municipales dans deux villes
importantes kurdes, Diyarbakir et Agri. On assistait au Kurdistan
à un grand réveil national qui constituait un obstacle
à l'implantation des forces fascistes et réactionnaires.
Le mouvement syndical se renforçait, les masses populaires
étaient en mouvement. Nous oeuvrions pour la création
d'un front national. Des liens solides s'établissaient
avec les forces révolutionnaires et démocratiques
du peuple turc. Par exemple, lors des Etats généraux
pour une éducation démocratique organisés
par le syndicat des Enseignants (TOB-DER, avec 200 000 adhérents
), près de 40 syndicats et associations dont le DISK (la
plus grande confédération des travailleurs), le
Syndicat des Ecrivains de Turquie soutenaient la revendication
des Kurdes relative au droit à l'enseignement dans leur
langue maternelle et élevaient leur voix contre la répression
dont était victime le journal Roja Welat. Nous avions entamé
les démarches pour la création d'un front démocratique
et antifasciste du mouvement national kurde et des forces démocratiques
et la gauche truques. Si ce processus n'était pas interrompu,
la lutte pour la démocratie en Turquie et la lutte de la
libération nationale du peuple kurde auraient atteint un
niveau beaucoup plus élevé.
- Paniqué par ces développements,
le régime faisait tout son possible pour interrompre ce
processus. Il a intensifié la terreur par le biais des
organisations fascistes oeuvrant en secret ou en plein jour. Certaines
organisations de gauche turque et une partie du mouvement national
kurde sont tombés dans ce piège. Finalement, la
junte fasciste, la force la plus conservatrice, la plus répressive
du système, s'est emparé du pouvoir sous prétexte
de lutter contre la terreur qui était en fait sa propre
oeuvre. La junte militaire s'est lancée dans une attaque
sanglante contre la gauche, les forces démocratiques et
le mouvement national kurde.
- Ces derniers n'étaient pas
conscients totalement de la porté des plans du régime.
Leur faute est de ne pas pouvoir déjouer les plans en question.
C'est en ne tombant pas dans le piège de la terreur et
en créant un large front qu'on pouvait repousser les attaques
du régime.
- En tant que PSK, à maintes
reprises, nous avons fait appel, entrepris des démarches
pour créer d'une part un front national kurde et d'autre
part un front commun antifasciste des Kurdes et des Turcs. Nos
publications avant 1980 en témoignent. Notre Parti a fait
ce qui lui incombait. Il a agit avec le sens de responsabilité.
Je peux le dire en toute conscience.
- Alors que le danger du fascisme
était imminent, la plupart des organisations de gauche
turque et des organisations kurdes s'étaient lancées
dans une guerre fratricide aveugle. Cette attitude irresponsable
a joué un rôle important dans l'arrivée de
la junte et dans les grandes pertes qui ont suivi.
- Par ses actions armées dépourvues
du soutien populaire, la gauche turque n'a obtenu aucun résultat.
A la suite des incessantes divisions internes, elle a perdu progressivement
son influence. Elle est devenue une force marginale. Par ailleurs,
la lutte armée déclenchée par le PKK sans
peser le pour et le contre et sans tenir compte des circonstances
nationales, régionales et internationales, n'a pas donné
de résultats positifs. Elle a abouti à la défaite
et à la désillusion qu'on connaît aujourd'hui.
L'erreur de ces organisations a été de négliger
la lutte politique, d'exagérer la force des armes et ne
pas se rendre compte des pièges tendus par l'adversaire.
-
- Les tactiques
erronées et le mode de fonctionnement du PKK
-
- Par ailleurs, le PKK ne s'est pas
contenté d'entamer une lutte armée intempestive,
il a commis également de graves erreurs en ce qui concerne
les moyens et formes utilisés dans la lutte armée.
- L'une des erreurs essentielles
du PKK fut son attitude négatif pendant longtemps vis-à-vis
de la question du front national. Il considérait toutes
les autres organisations kurdes comme des forces collaboratrices
constituant un obstacle devant la lutte nationale. Il prétendait
que sa tâche primordiale était d'éliminer
les autres organisations kurdes. Le PKK a combattu pratiquement
toutes les organisations patriotiques kurdes et la plupart des
organisations de gauche de Turquie. Cette politique a eu pour
conséquence des pertes inutiles et un affaiblissement du
mouvement kurde et de la gauche turque.
- Si ces dernières années,
le PKK a donné l'impression de vouloir la création
d'un front national et a même entrepris quelques démarches
dans ce sens , son véritable intention n'était pas
la formation d'un front basé sur des relations démocratiques
avec les autres organisations. Il voulait une union sous son hégémonie
et servant ses intérêts partisans. Tout en donnant
l'apparence de vouloir l'union , il n'a jamais abandonné
sa politique de violence, de répression, de menace et de
désinformation à l'égard des autres organisations
kurdes.
- Le PKK a commis également
de graves erreurs dans ses relations avec la population civile.
Avant le coup d'état de 1980, sa politique a abouti à
une guerre entre les tribus kurdes. Plus tard, il a continué
à commettre les mêmes erreurs. Tous ceux qui n'étaient
pas pour le PKK étaient considérés comme
des ennemis. Au lieu d'avoir une politique plus conciliante avec
ceux qui étaient devenus protecteurs de village soit à
la suite des pressions et menaces soit pour des intérêts
personnels, il a choisi une politique de confrontation. Lors de
ses attaques contre les villages des protecteurs, des dizaines
de personnes dont des enfants et femmes ont été
tuées. Ces actions ont d'une part renforcé les liens
des protecteurs de village avec l'Etat (des tribus entières
sont devenus des protecteurs de village) et d'autre part ont servi
à l'accusation d'organisation terroriste.
- L'assassinat par le PKK des civils
tels que les instituteurs, médecins, ingénieurs,
de simples fonctionnaires, ses actions violentes à l'extérieur
du pays, y compris contre la gauche kurde et turque notamment
contre notre Parti et contre le KOMKAR et contre ses anciens militants
n'ont fait que renforcer cette image de l'organisation terroriste.
- De tels agissements n'ont profité
qu'au régime turc qui s'en est servi largement dans sa
propagande. Pour intimider la population et pour s'en sortir à
chaque fois qu'il était dans une situation difficile à
l'égard de l'opinion publique, le régime a lui-même
commis des actions horribles tout en rejetant sur le PKK la responsabilité.
- Les graves erreurs commises par
le PKK ont empêché la création d'un front
national kurde, une participation plus active des masses à
la lutte et le soutien plus efficace des forces pacifiques et
démocratiques en Turquie et sur la scène internationale.
Elles ont contribué à l'isolement du PKK et du mouvement
national kurde.
- En résumé, ces erreurs
ont anéanti le peu de chance de succès qu'avait
la lutte armée. Si on avait pu éviter de telles
erreurs, malgré l'impossibilité d'une victoire militaire
contre le régime turc, le PKK et le mouvement national
kurde dans son ensemble seraient aujourd'hui dans une position
nettement plus avantageuses.
- A la fin Ocalan a lui-même
admis ces erreurs en faisant une auto autocritique. Il a accusé
certains cadres de son parti qu'il a tenu pour responsables des
actions détestables. Mais, quelles que soient les raisons
et ses intentions, ces déclarations ne changent en rien
le résultat.
- Une autre lacune importante du
PKK était l'absence de démocratie interne. Le PKK
était dirigé par les directives d'Ocalan. La plupart
du temps, les organes étaient factices . A aucun moment,
il n'y a eu un processus de discussion libre à l'intérieur
du PKK. Les seuls droits des membres consistaient à faire
des louanges à Ocalan et à applaudir les politiques
suivies. Ceux qui ont osé critiquer cette politique ont
été accusés de trahison et condamnés
de la manière la plus sévère. Seuls ceux
qui se sont repentis ont pu conserver leur place au sein de l'organisation.
Ce mécanisme a créé un véritable culte
de la personnalité au profit d'Ocalan et a détruit
la personnalité de tous les autres membres.
- Le PKK donc était dirigé
par un véritable pouvoir personnel. Hier comme aujourd'hui,
c'est Ocalan qui décide ce qui est juste et ce qui est
erroné.
- Certes, les erreurs du PKK ne se
limitent pas au déclenchement d'une lutte armée
intempestive, au fonctionnement antidémocratique et aux
tactiques erronés dont certains ont été cités
ci-dessus. Dans le passé, beaucoup de choses ont été
dites sur les circonstances dans lesquelles le PKK est apparu,
sur les relations qu'il a nouées, sur l'influence des Etats
sur sa politique depuis sa fondation jusqu'à aujourd'hui
et sur les conséquences qui en découlent. Aujourd'hui
encore, il y a des choses à dire sur ce point. Ce sont
des points extrêmement importants. Toutefois, dans le souci
de ne pas nous écarter du sujet et compte tenu de la sensibilité
du moment, je ne trouve pas utile à l'heure actuelle de
traiter ces sujets plus en détail.
- Du reste, tout est si claire et
évident qu'il n'est pas nécessaire d'en dire davantage
pour ceux qui savent regarder. Pour les autres, ceux qui ont juré
de ne pas regarder la réalité en face, quoi qu'on
en dise, c'est la perte du temps.
-
- Un travail organisationnel
opiniâtre et permanent
-
- Je viens d'écrire les lignes
directrices de la politique suivie par notre Parti depuis sa fondation.
Nous croyons à la justesse de cette politique qui a fait
sa preuve pendant ces 25 dernières années. Nous
en sommes fiers.
- Dans un état de guerre où
la société se divise par rapport aux forces armées
en conflit, pouvoir sauvegarder l'existence de notre organisation
est en soi, me semble-t-il, une grande réussite. Nous avons
poursuivi le chemin que nous croyions juste en dépit d'une
impitoyable terreur qui sévissait déjà avant
le coup d'état militaire de 1980 et qui n'a jamais cessé
de s'intensifier.
- Cette réussite est due en
même temps à la lutte opiniâtre, permanente
menée suivant nos principes depuis 25 ans.
- Comme on le sait, notre organisation
a mené des activités intenses avant le coup d'état
militaire de 1980 dans les domaines de la presse, de la propagande.
Grâce à nos activités organisationnelles,
nous avions pu nouer des liens solides avec les masses populaires.
A la suite du coup d'état, notre Parti a fait l'objet de
nombreuses opérations. Nous avons reçu de sérieux
coups. Mais, nous n'avons jamais cessé le travail organisationnel.
Nous avons poursuivi sans relâche la lutte dans les prisons,
à l'intérieur du pays et à l'exil.
- Nos camarades arrêtés
par la junte militaire ont résisté courageusement
aux tortures dans les prisons et lors des procès. Plusieurs
ont perdu leur vie sous la torture.
- Une partie des camarades dont moi
a quitté le pays par décision du Parti. Mais, nous
ne sommes jamais tombés dans la lassitude et nous n'avons
pas interrompu la lutte. Avec les camarades et sympathisants que
nous avons retrouvés à l'étranger, nous avons
travaillé avec toutes nos forces pour dénoncer et
isoler le régime turc sur le plan international et pour
repenser nos plaies afin de raviver la lutte organisationnelle
au Kurdistan.
- Mener la lutte pendant des années
dans les difficiles conditions de l'exil n'est pas évident.
Mais, nous l'avons fait.
- Nous avons apporté une contribution
significative aux publications à l'étranger. Nous
avons commencé aussi la publication de notre organe central,
Riya Azadi, que nous introduisions et diffusions clandestinement
dans le pays.
- Notre Parti, les associations et
les organisations de femmes et des jeunes qui nous sont proches
publient des dizaines de revues, de journaux et de bulletins en
turc, en kurde et dans les autres langues dans le pays et à
l'étranger. Des dizaines de livres et de brochures relatifs
à la lutte nationale kurde, à l'histoire, langue
et culture kurdes ont été publiés par une
dizaine de maisons d'édition.
- Les activités organisationnelles
que nous avons menées durant ces 25 années dans
le pays et à l'étranger, dans la légalité
et la clandestinité, dans le domaine politique et démocratique
sont riches et diversifiées. Nous avons organisé
de centaines de réunions publiques et de séminaires
à caractère politique et culturel. Seuls ou avec
les autres organisations amies, nous avons organisé dans
le pays et à l'étranger des centaines d'actions
pour protester contre le régime turc, pour exprimer les
revendications du peuple kurde, pour la paix et la démocratie.
- Nous avons mené des activités
permanentes, systématiques et planifiées pour organiser
ces réunions politiques et culturelles, ces manifestations
et rassemblements. Nos camarades et sympathisants ont oeuvré
avec énergie et abnégation pendant des années
pour la réussite de ces manifestions. Je remercie mes camarades,
nos sympathisants et tous ceux qui ont apporté leur contribution.
- Sur le plan international, notre
Parti a accompli un travail non négligeable. Il a noué
des liens précieux. Nous avons organisé dans de
nombreux pays des rencontres avec les représentants des
gouvernements, des parlementaires et des partis politiques. A
trois reprises, j'ai été invité au Parlement
européen où je me suis exprimé sur la question
kurde.
- Les camarades et moi avons participé
à des dizaines de conférences internationales pour
exprimer notre point de vue sur la question kurde , ainsi que
les revendications de notre peuple. Nous avons organisé
nous-mêmes deux grandes conférences internationales
sur la question kurde.
- Ces activités ont largement
permis de faire connaître la question kurde sur la scène
internationale et de gagner à la lutte de notre peuple
de la sympathie et du soutien et de mettre parfois sérieusement
en difficulté le régime colonialiste.
- Je peux le dire avec fierté,
notre Parti a accompli un travail efficace et intense dans ce
domaine qu'aucune autre organisation kurde n'a réussi à
faire.
- Camarades, pour toutes ces raisons,
l'influence de notre parti sur la scène politique du Kurdistan
et de Turquie et son prestige international sont sans proportion
avec le nombre des adhérents, les moyens financier et de
propagande dont nous disposons. Cela est dû à la
justesse de notre politique et à un travail pleine abnégation.
-
- Les obstacles
nationaux et internationaux devant la lutte nationale
- La polarisation
politique en fonction de la violence et le problème de
l'alternance
-
- Par ailleurs, nous constatons que
pour réaliser les objectifs, il ne suffit pas seulement
d'avoir des politiques justes, de lutter âprement sans discontinuité.
- Bien évidemment, atteindre
les objectifs ne dépend pas uniquement de notre lutte,
du caractère juste ou erroné de notre politique.
Ceci est vrai pour toutes autres organisations. Nous ne sommes
pas en effet les seuls acteurs sur la scène. Atteindre
les objectifs dépend des conditions dans lesquelles se
trouve l'ensemble du mouvement kurde et de la lutte générale.
Il dépend de l'ensemble des conditions objectives et subjectives.
Nous connaissons les conditions objectives très négatives.
Nous les Kurdes, nous menons la lutte sous le siège de
quatre Etats et nous sommes privés d'un fort soutien international.
A ces inconvénients, il faut ajouter les fautes et les
lacunes du mouvement national kurde. Nous n'avons cessé
de le dire, le sous développement de la société
kurde, les structures et les relations féodales héritées
du passé et empêchant l'unité nationale, le
manque d'expérience des activités organisationnelles
et l'insuffisance des valeurs démocratiques sont autant
d'obstacles devant le mouvement national kurde.
- Les structures féodales
ou pré-féodales (tribus, confession, régionalisme,
le pouvoir des aghas et des cheikhs) et les valeurs et le mode
de vie qu'elles engendrent sont des obstacles devant la réalisation
de l'unité nationale. Les habitudes et les valeurs de la
société se reflètent sur la vie politique
et sur les activités organisationnelles. Il aurait été
plus facile d'organiser le mouvement national, de créer
des partis puissants et modernes et former une union si la vie
sociale et les relations démocratiques s'étaient
développées dans notre société.
- La structure et les valeurs tribales
et féodales sont si puissantes qu'elles provoquent la dégénérescence
de la vie politique. Dans de telles conditions, les partis politiques
deviennent des sectes et les leaders des idoles.
- Nous ne pouvons pas expliquer la
situation actuelle, y compris celle de notre Parti, sans tenir
compte des difficultés internes et externes rencontrées
par la lutte nationale; autrement dit sans tenir compte de l'ensemble
des conditions objectives. Toutefois, en général,
les gens jugent suivant les résultats et la situation existante.
Beaucoup de personnes, hier comme aujourd'hui, nous interpellent
"que faites-vous" ou bien "pourquoi n'avez-vous pas créer
une alternative ? ".
- Je pense que nous avons crée
une alternative, mais celle-ci n'a pas réussi à
se développer dans la situation confuse régnante
en Turquie et au Kurdistan.
- Nous avons oeuvré pendant
des années pour la création d'un front national
au Kurdistan du Nord et la création d'un front démocratique
regroupant les forces turques et kurdes. La création de
ces fronts aurait pu changer le destin des deux peuples. Mais
la création de ces fronts ne dépendait pas de nous
seuls.
- De même, nous avons travaillé
pour qu'un congrès national regroupant les organisations
dans les quatre parties du Kurdistan puisse voir le jour. Ces
travaux n'ont abouti à aucun résultat pour des raisons
qui nous sont extérieures.
- Nous avons poursuivi une politique
consistant à gagner des amitiés à la lutte
du peuple kurde. Mais, certains par leurs actes irresponsables
ont détruit les liens amicaux existant et porté
atteint au prestige du mouvement national kurde.
- Nous avons analysé d'une
manière juste les circonstances de notre pays et nous avons
averti les autres organisations tant en ce qui concerne les éventuelles
tentatives aventurières que les pièges tendus par
le régime. Si les autres organisations progressistes et
démocratiques kurdes et turques s'étaient comportées
d'une manière responsables et avec une vision plus large,
nous aurions pu ensemble déjouer ces pièges. Dans
ce cas, nul doute que la lutte pour la démocratie et le
socialisme en Turquie et la lutte de libération nationale
du peuple kurde auraient poursuivi son chemin naturel en évitant
les erreurs et la situation aujourd'hui aurait été
toute différente. Or, l'étroitesse des esprits,
l'aventurisme, l'irresponsabilité et la guerre fratricide
suicidaire qui étaient répandues parmi la gauche
turque et le mouvement kurde ont permis au régime de mettre
en oeuvre ses plans.
- Le régime utilisant les
actions du PKK a réalisé chacun de ses projets concernant
le Kurdistan. Des milliers de villages ont été évacués
par la force, de millions de Kurdes déportés. Les
régions rurales du Kurdistan ont été évacuées.
Le régime a ainsi pu intimider la population.
- Les équilibres politiques
dans la société kurde et turque se sont formés
par rapport à cette sale guerre. On a assisté à
une polarisation conforme à l'état de guerre. Dans
la société turque, alors que les forces pacifiques,
démocratiques et socialistes régressaient, le chauvinisme
et le militarisme se sont renforcés. Dans la société
kurde, on a assisté à l'affaiblissement des partis
qui comme le nôtre insistaient sur la lutte politique et
qui demandaient la solution de la question kurde par des voies
pacifiques. Alors que le PKK ayant choisi la violence comme le
principal moyen de lutte s'est renforcé. Nos avertissements
et ceux des personnes qui dans les deux sociétés
avaient une opinion similaire à la nôtre n'ont pas
été entendus dans un tel climat chaotique.
- En résumé, nous ne
sommes pas responsables de la situation actuelle. Nous sommes
prêts à donner volontiers les comptes de ces 25 années.
Mais de l'autre côté, chaque organisation et chaque
personnalité ayant joué un rôle dans la politique
du Kurdistan et de Turquie pendant ces 30-40 dernières
années doivent faire un auto-bilan. Qu'est ce qu'elles
ont fait pour rétablir la démocratie, pour empêcher
le fascisme et pour déjouer les plans du régime
? Quelles politiques ont-elles soutenu et quel a été
le résultat ?
- Ceci est nécessaire pour
tirer les leçons du passé afin ne pas réitérer
les erreurs, trouver le bon chemin et soutenir les politiques
justes.
-
- La politique
du Kurdistan et de Turquie se trouve à un nouveau tournant
-
- Depuis un an, on assiste à
des bouleversements importants dans la politique de Turquie et
du Kurdistan. Nous nous approchons d'un tournant. Le brouillard
commence à se dissiper après les 15 années
de vacarme.
- Nous sommes arrivés à
la fin du conflit armé que le PKK a déclenché
par ses actions en août 1984 et qui s'est transformé
avec le temps en une véritable sale guerre. Au début,
ces actions ont eu l'effet d'étincelle, la répression
intense et l'oppression de l'Etat turc avaient créer au
Kurdistan une situation explosive. C'est pourquoi malgré
l'image très négative du PKK, la population a accueilli
avec sympathie les actions armées et a apporté un
soutien limité au PKK. Avec le temps, ce soutien s'est
renforcé. De nombreuses personnes croyaient à une
victoire immédiate du PKK. Toutefois, 15 ans plus tard,
le PKK et ceux qui ont porté leur espoir sur lui se sont
retrouvés face à la réalité amère.
- La situation actuelle n'est pas
en ce qui nous concerne une surprise. Nous ne nous sommes pas
fait des illusions. Nous nous attendions à une issue analogue.
- Mais, le tribut payé par
le peuple kurde est considérable. Outre les destructions,
persécutions, déportations, tant de souffrances
endurées, le peuple kurde a perdu 20 ans dans sa lutte
de libération nationale. Il faudra des années pour
réparer les préjudices et soigner les blessures.
-
- PKK : d'une
erreur à une autre
-
- Par ailleurs, le PKK s'est-il véritablement
rendu compte que ses politiques, moyens et formes de lutte d'hier
étaient erronés. Adoptera-t-il désormais
des politiques justes ?
- Il semble bien que non. Le PKK
passe en effet d'une erreur à une autre.
- Nous ne sommes pas contre l'abandon
des armes par le PKK. Au contraire, l'idée selon laquelle
il est impossible d'obtenir des résultats par les armes
s'étant confirmée, l'abandon des armes (mieux vaut
tard que jamais) ne cause aucun préjudice à la lutte
du peuple kurde. L'abandon de la lutte armée est dans l'intérêt
de notre lutte.
- Mais, Ocalan et le PKK ne se contentent
pas d'abandonner la lutte armée. Si dont il s'agit était
en abandonnant les armes de poursuivre la lutte par des moyens
politiques, il n'y aurait aucun problème. Or, Ocalan dès
son arrestation avait proposé ses services à l'Etat
turc, à ce régime qui opprime sans pitié
le peuple kurde. Lors de son procès, il n'a pas défendu
la juste cause et les revendications légitimes du peuple
kurde.
- Ocalan rejette une solution fédérale.
Il refuse même une autonomie pour les Kurdes, solution qu'il
avait préconisée lorsqu'il était en Italie.
Il considère ces deux solutions comme des revendications
inutiles et réactionnaires !
- In ne se lasse pas de faire l'éloge
du kémalisme, ce principal outil idéologique du
régime dans sa politique répressive et chauvine
consistant à nier l'existence même du peuple kurde.
- Il qualifie de réactionnaires
les soulèvements historiques du peuple kurde.
- Ocalan déclare "être
personnellement au service de l'Etat turc" et faire ce travail
"avec fierté". Il appelle tous les Kurdes à agir
comme lui et à renforcer l'Etat turc!
- Ocalan explique qu'il agit ainsi
pour la soi-disant "république démocratique", pour
la paix et pour une solution à la question kurde.
- Le PKK de son côté
approuve toutes les déclarations faites par Ocalan. Il
suit le chemin que lui montre Ocalan. Le PKK s'efforce avec acharnement
à faire accepter à l'opinion publique kurde ces
nouvelles visions de son chef !
- Une situation si pitoyable est
inouïe dans l'histoire mondiale des luttes révolutionnaires.
Ces bouleversements sont considérés comme une surprise,
comme quelque chose d'impensable par de nombreuses personnes,
notamment par celles qui avaient porté leur espoir sur
Ocalan et sur son parti. Elles sont peut-être sous le choc.
Il est possible que du fait de cette déception, elles cessent
toute activité politique ou conformément aux " nouvelles
" politiques d'Ocalan et du PKK, elles se mettent au service du
régime.
- D'autres prétendent : "si
le Président fait ces déclarations, il doit avoir
certainement de bonnes raisons. "
- Beaucoup de spéculations
sont faites à propos de la notion "République démocratique
". Nous sommes également pour la démocratisation
de la Turquie. Nous voulons également remplacer le régime
militaire, cet Etat policier, par une république démocratique.
Mais cela ne suffit pas à lui seul résoudre la question
kurde et donner satisfaction aux revendications du peuple kurde.
Si par la "République Démocratique ", on entendait
un système fédéral basé sur l'égalité
des deux peuples, nous soutiendrions une telle proposition. Or,
Ocalan refuse une solution fédérale ainsi que l'autonomie.
Il apparaît clairement que "la République Démocratique
", expression devenue magique pour les partisans du PKK ces derniers
temps, n'est en fait qu'une formule sans contenue utilisée
pour tromper la base du PKK et la population kurde.
- Bien avant le PKK, nous voulions,
une solution pacifique et un compromis entre les deux parties.
Nous étions de ce fait durement critiqués par le
PKK. Mais, la paix et la démocratie pour les Kurdes passe
par une solution équitable de la question kurde.
- La condition et le prix de la paix
ne peuvent en aucun cas être le renoncement aux revendications
légitimes des Kurdes. Si le PKK est arrivé à
la conclusion que la lutte armée est un échec et
une impasse, ce qui est vraiment le cas, il peut alors abandonner
les armes. Mais il faut continuer la lutte avec fermeté
pour l'égalité et la liberté par les autres
formes de lutte.
-
- Nous sommes
les représentants d'une cause juste.
- La lutte pour
la liberté continuera jusqu'à la victoire.
-
- La situation dans laquelle se trouve
Ocalan et le PKK ne nous a pas surpris. Il n'y a pas de déception
dans nos rangs. Comme dans le passé, le PSK poursuit ses
politiques. Hier comme aujourd'hui, nous pensons être sur
le bon chemin. Nous luttons pour la libération du peuple
kurde, pour l'égalité et la liberté. Nous
sommes les représentants d'une juste cause.
- Cette lutte se poursuit depuis
des siècles. Elle a connu des hauts et des bas. En tant
que peuple, nous avons vécu des moments très difficiles.
Mais, la lutte ne s'est jamais arrêtée. Elle se poursuivra
jusqu'à la victoire.
- Ce qui nous incombe c'est de garder
l'espoir et de montrer le chemin à suivre au peuple dans
ces moments difficiles. Au printemps de 1975, alors que notre
Parti venait tout juste d'être créé, le mouvement
de libération national kurde d'Irak avait déposé
les armes. On assistait alors à une grande désillusion
chez les Kurdes dans toutes les parties du Kurdistan. Dans un
article de la première livraison de la revue Ozgurluk Yolu,
nous écrivions : " la défaite du peuple kurde à
cause de manque de soutien, des conditions difficiles et des erreurs
de ses dirigeants ne veut pas dire la fin de tout. Seuls ceux
qui ignorent l'histoire et ne croient pas à la force du
peuple peuvent penser le contraire. "
- Peu de temps après, la lutte
s'est rapidement développée au Kurdistan de Turquie
et au Kurdistan d'Iran. Le mouvement national s'est réorganisé
rapidement y compris au Kurdistan d'Irak.
- Aujourd'hui, nous avons le même
point de vue. Le régime qui héberge allègrement
Ocalan à Imrali et qui lui dicte ainsi qu'au PKK ses volontés
ne doit pas se réjouir vainement. Les patriotes kurdes
n'ont pas à s'inquiéter. Le sort de la lutte nationale
kurde ne dépend d'une organisation ni d'une personne. Il
s'agit de la cause pour la liberté d'une nation qui a des
racines millénaires. Nous gagnerons.
- Tout le problème est de
poursuivre la lutte tout en retenant la leçon des erreurs
commises. C'est la tâche qui pèse sur le mouvement
kurde.
-
- Une solution
équitable et pacifique à la question kurde
-
- Une nouvelle période s'ouvre
désormais pour notre lutte. Si nous réussissons
à tirer les leçons des expériences vécues,
nous pouvons alors changer cette situation au profit de la lutte
du peuple kurde. Il s'est avéré que les politiques
basées sur la violence sont inaptes à résoudre
les problèmes de société. Ceci est valable
et pour le PKK et pour le régime turc.
- Le régime qui espérait
résoudre la question kurde par la terreur est tenu en échec.
La question kurde a pris une grande ampleur au point de devenir
une question internationale. Par ailleurs, le peuple turc a lui
aussi payé un lourd tribut dans cette sale guerre. Sous
prétexte de lutter contre le terrorisme, le régime
a poussé dans la pauvreté la population en la privant
de liberté. Les pertes de l'économie turque sont
considérables. L'économie est devenue dépendante
du trafic de stupéfiants. Les bandes organisées,
produit de la sale guerre, sévissent dans le pays tout
entier. La violence et la corruption se sont largement répandues
dans la société. La Turquie s'est éloignée
un peu plus du monde civilisé. Sans une solution à
la question kurde, elle ne pourra pas trouver sa place dans la
société internationale.
- Il faut de nouvelles approches
de part et d'autres afin de résoudre les problèmes
actuels. Notre Parti revendique depuis des années une solution
pacifique par le dialogue. Parvenir à une telle solution
n'est pas chose aisée. Le régime ayant réussi
à dompter le PKK peut penser avoir remporté la victoire
et ainsi réglé la question kurde. C'est pourquoi,
il pourra ne faire aucune concession pour la solution de la question
kurde. Du reste, nous n'attendons pas du régime militariste
et raciste une démarche positive. Mais, nous pouvons l'amener
à le faire par une lutte politique organisée, opiniâtre
et massive.
- Inévitablement, le mouvement
kurde va se concentrer sur les formes politiques et pacifiques
de la lutte. Ainsi, il sera plus difficile pour le régime
de persévérer dans ses méthodes anciennes.
Le régime ne pourra plus justifier par les actions du PKK
la répression, la privation des droits et libertés
et la course aux armements. Il ne pourra plus leurrer l'opinion
publique. Dans ce nouveau processus, les forces pacifiques et
démocratiques se renforceront dans société
turque. Contrairement à la période écoulée,
la collaboration entre les forces démocratiques des deux
peuples va s'intensifier.
-
- Les tâches
de la nouvelle période.
-
- Du côté des Kurdes,
il incombe à toutes les organisations et personnalités
patriotiques, sans tomber dans le découragement et des
querelles mesquines, de bien comprendre la signification de cette
période nouvelle. Nous devons nous garder de commettre
les erreurs du passé et uvrer pour le rassemblement
du mouvement national kurde.
- Ni capitulation ni aventure. La
voie à suivre pour les forces nationales kurdes est celle
de la lutte politique organisée s'appuyant sur la population.
- Le PSK continuera à se comporter
d'une manière responsable en restant fidèle à
ses principes. Mais, hier comme aujourd'hui, la victoire ne dépend
pas de nous seuls. Chaque groupe et chaque personnalité
oeuvrant encore sur la scène politique kurde et désirant
poursuivre la lutte a des obligations. Tous, nous devons nous
unir afin d'éviter le découragement et de permettre
l'organisation saine du mouvement et raviver la lute. Nous devons
rassembler nos énergies, nos forces et nos expériences.
- En tant que PSK, nous sommes prêts
à travailler dans un parti politique avec tous ceux qui
approuvent notre programme et nos objectifs. Nous sommes ouverts
à un travail commun, à des union avec les autres
organisations kurdes luttant comme nous pour la liberté
du peuple kurde mais avec qui nous avons des divergences sur tel
ou tels point. Nous attendons de leur part la même attitude
constructive.
- En supprimant entre nous les préjugés,
les intérêts partisans, les convoitises personnelles
et la jalousie, nous devons trouver les moyens de travailler ensemble.
En effet, ce n'est qu'avec la tolérance et le compromis
que nous pouvons bâtir des unions solides et mettre le peuple
en mouvement pour les objectifs communs.
- Si l'une des tâches du mouvement
kurde est sa réorganisation, l'autre est de mener la lutte
selon la situation concrète de notre pays.
- Tant que le régime n'aura
pas fait des progrès démocratiques sur le plan de
la liberté d'expression et d'organisation-ce qui n'est
pas le cas aujourd'hui- notre lutte sera menée par des
moyens tant légaux qu'illégaux.
- Il incombe aujourd'hui au mouvement
national kurde de créer les formes et les moyens de lutte
commune non pas dans le cadre tracé par le régime
turc mais dans un cadre correspond aux intérêts nationaux
du peuple kurde.
- La publication d'un quotidien et
la création d'un parti légal par des forces patriotiques
les plus larges possibles revêtent une importance particulière.
Dans ces domaines, nous sommes prêts à faire ce qui
nous incombe. Nous pouvons écrire dans un même journal
ou militer dans un parti légal avec les autres forces patriotiques.
Il suffit pour cela un pluralisme et des relations démocratiques.
-
- A l'aube de
l'an 2000
-
- Nous arrivons au seuil de l'an
2000. Vivre ce moment historique est en soi un bonheur. Mais,
ce qui importe le plus, c'est de pouvoir franchir ce seuil en
tant qu'individu et en tant que peuple en étant libres
et avec un niveau de conscience digne de notre époque.
Malheureusement, tel n'est pas le cas de notre société.
Le régime turc a privé de ce bonheur les peuples
turc et kurde et toutes les personnes vivant en Turquie.
- Comme les autres pays non démocratiques,
la Turquie est encore très loin du monde civilisé.
C'est un pays où règnent la torture, la violence
et la peur. Malgré ses ressources abondantes, la beauté
exceptionnelle de sa nature, la Turquie est un pays où
la population est confrontée à la misère,
au chômage et à tant d'autres problèmes. Le
régime prive sa population de liberté, du travail
et de l'éducation. Il empêche les peuples à
vivre ensemble pacifiquement dans l'égalité et la
liberté. Il soumet le peuple kurde à une oppression
nationale et fait une démonstration de force contre ses
voisins.
- Quel gâchis au seuil de l'an
2000 !
- Au cours des derniers siècles,
l'humanité a assisté à un extraordinaire
développement scientifique et technique, à de grandes
révolutions et bouleversements sociaux. Dans l'avenir,
des événements que nous ne pouvons imaginer auront
lieu. Dès aujourd'hui, nous constatons les prémisses
d'une grande révolution dans les domaines de la médecine,
de biologie, de communication et de technologie spatiale.
- Lors de ce nouveau millénaire,
l'humanité assistera à de très grands changements
sans aucune mesure avec les précédents. Ces changements
ne concerneront pas seulement la science et la technique. Ils
toucheront également la vie sociale. Lors des siècles
à venir, probablement l'humanité mettra fin totalement
à la misère, au chômage, au problème
de logement et à l'ignorance. Elle maîtrisera la
croissance démographique. Elle s'approchera de la liberté
et de l'égalité et ainsi qu'aux autres valeurs du
socialisme. En mettant fin définitivement à la guerre,
elle instaurera la paix universelle. En résumé,
je pense que l'humanité vaincra lors des siècles
prochains l'archaïsme.
- A ce tournant historique où
l'humanité s'apprête à entamer l'an 2000,
en tant que Parti , nous laissons derrière nous un quart
de siècle de lutte pour la libération nationale,
la démocratie et le socialisme.
- Nous avons la conscience tranquille
du fait de ce que nous avons accompli et nous en sommes fiers.
Je félicite tous ceux qui ont contribué à
la lutte. Je m'incline devant la mémoire de ceux qui ont
perdu la vie dans la lutte.
- Toutefois, notre tâche n'est
pas terminée. Nous devons porter l'étendard de la
lutte tant que la vie et l'énergie nous le permettront
t et le transmettre aux générations futures. Aujourd'hui
encore, la lutte pour la liberté nécessite une grande
abnégation, un travail de longue haleine.
- Je souhaite pleins de succès
à notre Parti dans cette noble cause.
- Vive notre lutte de libération
nationale, de démocratie et du socialisme !
- Vive le Parti Socialiste du Kurdistan
!
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