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Situation du peuple kurde pendant L´Année
Européenne contre le Racisme et la Xénophobie
- L'Union Européenne a déclaré
l'année 1997 Année de la Lutte contre le Racisme
et la Xénophobie. Une décision qui était
nécessaire et qu'il convient de saluer.
- Bien qu'un demi-siècle se
soit déjà écoulé depuis la défaite
du fascisme en Europe, xénophobie et racisme font tristement
partie du quotidien en Europe. Ces courants présentent
de multiples facettes, s'en prenant parfois aux personnes dont
la couleur de peau est différente, aux étrangers,
aux immigrants, aux demandeurs d'asile, parfois aussi tout simplement
aux groupes ethniques qui parlent une autre langue ou dont l'appartenance
religieuse est différente. Certes, les violences, sévices
et incendies criminels dont ces groupes sont victimes ne sont
que des cas extrêmes et il convient de ne pas généraliser.
Pourtant, ces actes de violence montrent clairement combien la
situation est explosive. Les discriminations et rebuffades quotidiennes
sont presque pires et douloureuses pour les personnes qui en sont
victimes. Lorsque de telles tendances et courants xénophobes
se font ressentir jusque dans la politique des gouvernements des
états, il convient d'être extrêmement vigilant.
Dans de telles situations, les forces démocratiques et
celles qui aspirent à l'équilibre doivent se faire
entendre et appeler à la vigilance.
- II faut rendre vivante cette décision
de l'Union Européenne. Pour que cette décision ne
reste pas lettre morte, il convient de mener une campagne d'information
intensive auprès de l'opinion publique sur les conséquences
du racisme et de la xénophobie et d'attirer l'attention
sur les dangers auxquels nous sommes exposés si de tels
courants ne sont pas réprimés à temps.
- Nous aimerions saisir cette occasion
pour nous pencher sur la situation du peuple kurde. Le peuple
kurde est un des peuples qui, en raison de son origine, de sa
langue et de sa culture, est exposé depuis des siècles
à des mesures racistes et en partie xénophobes.
Depuis toujours, ces sont surtout les Kurdes vivant en Turquie
qui sont victimes de ces mesures. C'est en Turquie que règnent
les pires conditions et que s'exercent les pratiques les plus
racistes ; un pays qui est membre tant du Conseil de l'Europe
que de l'Union douanière européenne, et qui a l'intention,
dans la situation actuelle, de devenir membre à part entière
de l'Union européenne. C'est pourquoi ce problème
concerne également l'Europe, il s'agit d'un problème
interne de l'Europe.
- Les Kurdes appartiennent à
l'un des peuples les plus anciens et les plus grands, en termes
démographiques, du Proche Orient. Notre pays, le Kurdistan,
dont la superficie est aussi grande que celle de la France est
réparti entre la Turquie, l'Iran, l'Irak et la Syrie. Environ
25 millions de Kurdes (la population totale est estimée
à environ 35 millions) vivent dans leur patrie d origine,
le Kurdistan. La plus grande partie des 10 millions de Kurdes
qui ne vivent pas au Kurdistan a dû émigrer vers
d'autres régions des quatre états concernés
ou bien dans des pays voisins ou dans la diaspora ( certains d'entre
eux en Europe), suite aux mesures d'expulsion, à la guerre
et à la migration. D'après les dernières
estimations connues, environ 1 million de Kurdes vivent en Europe,
en tant que travailleurs immigrés ou réfugiés.
- Les Kurdes ne sont libres dans
aucune partie de leur patrie. On ne leur reconnaît pas le
droit à l'autodétermination dont jouissent ou devraient
jouir toutes les petites ou grandes nations. Les états
qui exploitent les richesses minières du Kurdistan interdisent
aux Kurdes l'usage de leur langue, l'exercice de leur culture,
l'enseignement dans les écoles en langue kurde, les journaux
ou les émissions de télévision en langue
kurde ou même, en partie, d'écouter leur musique.
L'objectif poursuivi est d'assimiler les Kurdes aux Arabes en
Irak, aux Perses en Iran et aux Turcs en Turquie.
- C'est en Turquie que les mesures
de répression auxquelles sont soumis les Kurdes sont les
plus brutales. L'histoire de la République de Turquie est
l'histoire d'un racisme extrême et impitoyable exercé
contre toutes les nations et tous les groupes ethniques à
l'exception des Turcs.
-
- Purification ethnique et génocide
-
- L'Empire Ottoman, qui, avec l'Anatolie,
domina pendant des siècles les Balkans, l'Arabie et le
Kurdistan, vainquit les mouvements de résistance de tous
les peuples contre l'oppression et le colonialisme et lutta contre
leur désir d'indépendance. La politique des Ottomans
n'était cependant pas empreinte de racisme. L'existence
de ces peuples ne fut pas niée, et leurs langues, leurs
religions ainsi que d'autres différences furent même
respectées jusqu'à un certain degré. Cette
situation changea avec la montée du nationalisme turc au
début du 20ème siècle. Les cercles nationalistes
turcs, qui prirent possession du pouvoir dans la phase finale
de l'Empire Ottoman et en particulier lors de la constitution
de la République de Turquie en 1923, lancèrent une
grande offensive de purification ethnique contre les autres peuples
et allèrent jusqu'à organiser des pogroms afin de
réaliser la "turquïsation" totale au sein des frontières
de la République.
- Le génocide des Arméniens
pendant la Première Guerre Mondiale coûta la vie
à un million de personnes, et la déportation obligatoire
toucha également un million de personnes. Après
la guerre, les Arméniens ne représentaient en Turquie
qu'une minorité en voie de disparition, dont la plupart
des membres vivait à Istanbul. Les millions de Grecs qui
vivaient à Istanbul et dans les régions côtières
occidentales furent décimés après la guerre
gréco-turque qui suivit la Première Guerre Mondiale,
parce qu'ils furent forcés de quitter l'Anatolie et la
Thrace. La minorité grecque restée à Istanbul
ne put résister aux représailles exercées
par l'état et finirent par quitter le pays.
- L'administration turque a ainsi
éliminé la question arménienne et la question
grecque par l'expulsion. II ne restait donc que les Kurdes et
les minorités musulmanes comme les Lazes, les Tcherkesses
et les Arabes. L'État lança alors une politique
d'assimilation massive.
- Toutes les langues et cultures
- à l'exception de la langue et de la culture turques -
furent interdites, et la politique d'intégration - "turquisation"
- devint l'objectif déclaré de l'État.
- Les Lazes, les Tcherkesses et les
Arabes vivaient dispersés dans différentes régions
où ils formaient une petite minorité. C'est pourquoi
ils ne purent résister à la politique d'assimilation.
Les Kurdes représentaient la grande majorité des
habitants du Kurdistan, ( leur patrie d'origine ), et la partie
turque du Kurdistan représentait environ un tiers de la
superficie totale de la Turquie. Les Kurdes, eux, avaient acquis
une identité ethnique et s'opposèrent à cette
politique. Déjà à l'époque de l'empire
ottoman au 19ème siècle, les Kurdes luttèrent
constamment pour leur indépendance. Soumis à la
pression des Ottomans et de l'Iran, les Kurdes essuyèrent
de nombreuses défaites. Les Kurdes ont aussi résisté
à la politique de "turquïsation" poursuivie dès
la constitution de la République de Turquie et revendiqué
leurs droits nationaux. Après la constitution de la République
de Turquie, il y eut pour cette raison vingt insurrections populaires
kurdes. La première et en même temps la plus importante
de ces insurrections fut celle du Cheikh Saïd en 1925, au
cours de laquelle les Kurdes affirmèrent leur volonté
d'indépendance. Toutes ces insurrections furent cependant
écrasées dans le sang par les militaires turcs.
Les Kurdes, entourés des états qui s'étaient
partagé leur territoire et qui leur étaient hostiles,
n'avaient aucune chance s'ils ne recevaient pas d'aide. C'est
pourquoi ils furent vaincus chaque fois. Dans la partie irakienne
et la partie iranienne du Kurdistan régnaient des conditions
similaires. Cependant, le peuple kurde n'a pas cessé de
s'insurger et le fait aujourd'hui encore dans ces trois pays.
-
- La Turquie ne respecta pas le Traité
de Lausanne.
-
- Cette politique d'assimilation
et de négation de l'existence des Kurdes constitue une
violation du traité de Lausanne du 24 juillet 1923 sur
lequel repose la République de Turquie. Les représentants
de la Turquie à la conférence de Lausanne n'avaient
pas nié l'existence des Kurdes. Au contraire : Le responsable
de la délégation turque, Ismet Inönü,
déclara que "les Kurdes ne sont pas une minorité
et qu'ils représentent donc, tout comme les Turcs, un élément
important de la République de Turquie. C'est pour cette
raison que le gouvernement d'Ankara est celui des Turcs tout autant
que des Kurdes". Les Kurdes, considérés ici comme
les égaux des Turcs et comme une nation autonome, ne se
virent même pas accorder ultérieurement les droits
des minorités. Le paragraphe 39 de ce même traité,
qui garantit à toutes les minorités ethniques le
libre usage de leur langue dans tous les domaines de la vie sociale,
fut également ignoré ; et non seulement le kurde,
mais aussi les langues des minorités Lazes, Tcherkesses
et Arabes furent complètement interdites.
-
- La constitution de la République
de Turquie repose sur une idéologie raciste.
-
- La République de Turquie,
en ce qui concerne son système d'éducation et d'enseignement,
s'appuie sur une idéologie raciste, que le fondateur de
l'État, Mustafa Kemal (Atatürk) commença à
mettre en pratique.
- II existe de nombreux discours
et textes d'Atatürk à tendance raciste, entre autres
cette maxime "Heureux celui qui peut dire je suis un Turc !".
Une maxime qui se trouve encore à i'entrée de toutes
les écoles, surtout au Kurdistan où inscrite sur
le versant d'une montagne.
- Une autre maxime d'Atatürk,
fréquemment citée, est la suivante : "Un Turc vaut
bien le monde entier !".
- La célèbre "Dédicace
d'Atatürk à la jeunesse" commence par les mots "Salut,
jeunesse turque" et se termine sur "La toute-puissance dont tu
as besoin, réside dans la noblesse du sang qui coule dans
tes veines !". La supériorité de la race turque
et la noblesse du sang turc reviennent très fréquemment
dans la littérature et dans la langue quotidienne. Ainsi,
on dit des gens de gauche, des opposants politiques, des gens
qui expriment des opinions qui ne correspondent pas à la
soi-disant politique "nationale", qu'ils "n'ont pas de sang" ou
que "leur sang est souillé".
- Depuis des décennies, les
élèves des écoles primaires du pays doivent
prêter serment- en choeur- tous les matins avant de commencer
les cours. Ce serment commence par les mots "je suis Turc, honnête
et appliqué" et se termine par "Ma vie est vouée
à la civilisation turque !".
- Dans les écoles primaires
et secondaires, les livres de classe sont remplis de phrases et
de poèmes empreints de racisme. Des poèmes de ce
genre sont récités lors de toutes les festivités
nationales à la radio et à la télévision.
Un de ces poèmes commence ainsi : "Je suis un Turc, ma
race et ma religion sont supérieurs !".
- Même dans l'hymne national
turc on retrouve l'empreinte du racisme lorsqu'il est question
de "ma race conquérante "
- Cette idéologie, qui tient
la civilisation turque pour une race supérieure, discrimine
et humilie d'autres peuples et les présente comme des ennemis.
Lorsqu'en 1930 l'insurrection kurde d'Ararat fut écrasée,
le ministre de la Justice d'alors, Mahmut Esat Bozkurt, déclara
en public qu'il "s'agissait d'une guerre entre deux races et que
ce n'était ni la première ni la dernière
guerre de cette sorte". II continua en ces termes : "Nous vivons
dans le pays le plus libre du monde, en Turquie. Le Turc est le
seul et unique seigneur et propriétaire de ce pays. Ceux
qui n'appartiennent pas à la race pure des Turcs n'ont
que le droit de vivre en servitude et esclavage. Nos amis comme
nos ennemis, oui, même les montagnes doivent en être
conscients !" (19 septembre 1930, Quotidien Milliyet).
- Le Premier Ministre d'alors, successeur
d'Atatürk et deuxième président de la Turquie,
Ismet Inönü, s'exprima en ces termes sur l'insurrection
kurde dans son discours d'ouverture de la ligne de chemin de fer
de la province de Sivas : "Dans ce pays, seule la nation turque
a le droit de revendiquer des droits ethniques ou raciaux, personne
d'autre" (Quotidien Milliyet du 33 août 1930).
- On pourrait citer encore de nombreux
exemples de ce genre. Des enquêtes "scientifiques" portant
sur la race turque furent ordonnées par Mustafa Kemal en
personne. Pendant le Troisième Reich, alors que les national-socialistes
étaient au pouvoir, des instruments servant à mesurer
le crâne humain furent rapportés d'Allemagne. Des
hommes, qui se virent promus professeur, inventèrent sur
commande des légendes concernant les traits caractéristiques
des Turcs, par exemple la couleur des yeux, la forme du crâne,
le groupe sanguin, etc.
- Sur ordre d'Atatürk, des linguistes
et historiens établirent des thèses du plus grand
intérêt sur la "théorie de l'histoire turque"
et la "théorie du soleil et de la langue". D'après
ces théories, tous les peuples seraient des descendants
des Turcs et toutes les langues seraient issues du Turc. Ces thèses
complètement vides de sens furent représentées
pendant des décennies dans les livres d'histoire turcs
et dans la recherche culturelle.
-
- La Constitution de 1982, fondation
de cette idéologie
-
- Le système de droit turc
et la politique turque se sont développés pendant
des décennies sur cette base chauvine et raciste.
- Le préambule de la Constitution
de 1982 commence par la phrase suivante : "Cette constitution,
qui établit l'existence éternelle de la patrie turque
et du peuple turc et définit l'unité indivisible
de l'État turc dans sa supériorité,... d'après
la notion de nationalisme développée par le fondateur
de la République de Turquie, le dirigeant immortel et l'incomparable
héros Atatürk et d'après sa révolution
et ses principes..." et continue ainsi : "Aucune opinion ni aucune
idéologie opposée à l'histoire de la civilisation
turque, à ses valeurs morales et au nationalisme prôné
par Atatürk ne doit être représentée,
ni ne doit être protégée".
- Les exemples cités ci-avant
devraient être suffisants pour donner une idée plus
que claire du racisme et du chauvinisme fanatiques qui se cachent
derrière la notion de "nationalisme d'Atatürk". La
constitution actuelle exprime clairement qu'elle soutient cette
conception et qu'elle ne tolère aucune autre "opinion et
idéologie".
- II est évident que dans
un tel pays la liberté d'opinion et de croyance ne peut
pas exister et que toutes les tendances qui dévient de
la direction autorisée sont poursuivies et supprimées
au nom du "kémalisme et du nationalisme". C'est ce qui
se pratique depuis des années. Actuellement, 170 écrivains,
journalistes et hommes de sciences sont incarcérés
dans les prisons turques. Des procès sont en cours contre
des centaines d'autres. IIs doivent s'attendre à des peines
élevées. II s'agit là d'exemples concrets
de cette politique.
- Le serment que les députés
doivent prêter au parlement nouvellement élu, conformément
au paragraphe 81 de la constitution turque, a également
ce caractère raciste et antidémocratique. Dans le
cadre de ce serment, les députés doivent dire, entre
autres : "Je jure sur mon honneur devant la grande nation turque
de rester fidèle aux principes et à la révolution
d'Atatürk !".
- Ce serment, les députés
kurdes, comme tous les autres, doivent également le prêter.
Ils doivent ainsi manifester leur attachement à une idéologie
qui repose sur la xénophobie contre les Kurdes et à
la "grande nation turque". En 1991, la députée kurde,
Leyla Zana, nouvellement élue, se fit même accuser
de trahison par la grande majorité des parlementaires outrés,
lorsqu'elle parla d'amitié entre les peuples à l'occasion
de sa prestation de serment. C'est entre autres pour cette raison
que Madame Zana ainsi qu'un groupe de députés kurdes,
également nouvellement élus, furent arrêtés
en sortant du Parlement et condamnés à de longues
peines de prison. Elle purge encore sa peine.
-
- Un système qui nie l'existence
des Kurdes, leur langue, leur culture et leur histoire
-
- Comme par le passé, la société
kurde est aujourd'hui victime de différentes mesures imposées
par le racisme turc. La langue et la culture kurdes sont frappées
d'interdiction totale. D'après l'idéologie officielle
turque, il n'existe pas de peuple répondant au nom de Kurdes
! II n'y a donc pas d'histoire des Kurdes non plus ! Le régime
turc est d'avis que la langue kurde n'existe pas, alors que, malgré
des représailles inimaginables, le kurde a réussi
à survivre. Malgré l'existence d'un folklore riche,
diversifié, très répandu, ainsi que d'uvres
littéraires en langue kurde, le régime turc continue
à prétendre que cette langue n'existe pas.
- Bien qu'environ un tiers des habitants
de la Turquie, soit plus de 20 millions, soient des Kurdes, il
n'y a pas une seule école où l'enseignement se fasse
en kurde. II est interdit d'utiliser la langue kurde dans l'enseignement.
Les Kurdes ont créé récemment une fondation
pour la culture et la recherche kurde (KÜRT-KAV) qui prend
l'initiative d'offrir des cours de kurde. En dépit d'une
décision positive du Tribunal Suprême, le ministère
de l'Éducation refuse d'autoriser ces cours.
- Cette année, le ministre
de l'Intérieur turc, Meral Aksener, envoya une circulaire
portant la mention "top secret" à tous les préfets
régionaux, les directions de police des provinces et les
centrales de commandement des gendarmeries et leur ordonna de
prendre des "mesures administratives et juridiques contre les
personnes qui offrent des cours en langue kurde ou font de la
recherche dans le but de favoriser le développement de
la langue kurde et d'en faire une langue écrite" (Hebdomadaire
Hevi, 8 mars 1997, Istanbul).
-
Interdiction des émissions
en kurde et de la musique kurde
-
- Les émissions de radio et
de télévision en langue kurde sont interdites. II
est interdit de parler kurde lors de manifestations politiques.
Une violation de cette interdiction est poursuivie pénalement.
- La production de cassettes de musique
kurde fut autorisée, pro forma, il y a environ 5 ou 6 ans.
En pratique, ces cassettes sont encore interdites. Presque toutes
les cassettes de musique kurde sont confisquées directement
après leur sortie ou bien elles sont "mises en sécurité",
sans motif aucun, par la police. II est très rare que les
musiciens ou les groupes de musiciens qui font de la musique kurde
obtiennent l'autorisation de donner un concert.
- La publication de journaux et de
magazines en langue kurde fut interdite pendant des décennies.
Si quelqu'un était pris avec un livre en langue kurde ou
traitant des Kurdes, il pouvait même s'attendre à
être condamné à mort. Les intellectuels kurdes
ont mené un dur combat contre ces mesures prises par l'État
au cours des dernières années. Les pressions exercées
par les pays européens sur le gouvernement turc ont également
permis un certain relâchement du côté de l'administration,
si bien qu'actuellement, des journaux, magazines ou des livres
peuvent être publiés en kurde. Mais l'administration
essaye par tous les moyens d'empêcher la vente ou la distribution
de ces publications. Les journaux, magazines et livres rédigés
entièrement ou partiellement en kurde et publiés
dans des conditions extrêmement difficiles dans une métropole
comme Istanbul sont confisqués directement après
leur publication et même pendant qu'ils sont encore en impression.
Distribuer ces publications au Kurdistan ou les y transporter
est presque plus dangereux que de transporter des bombes. Les
auteurs et éditeurs de ces publications sont condamnés
à de lourdes peines de prison et à des amendes astronomiques.
Au cours des dernières années, de nombreux journalistes
ont été assassinés, les bureaux de quotidiens
attaqués et incendiés, détruits.
- Des intellectuels et des écrivains
turcs, qui critiquent ces pratiques et cette politique, sont également
victimes de poursuites massives.
-
- Même les mots "Kurde"
ou "Kurdistan" sont bannis du vocabulaire turc
-
- Le régime qui, après
la constitution de la République, a organisé état
et culture exclusivement sur la base du groupe ethnique turque
n'a pas seulement interdit la langue et Ia culture kurde mais
aussi l'utilisation des mots "Kurde / kurde" et "Kurdistan" afin
de supprimer jusqu'à l'existence du Kurdistan. Ces mots
ont été radiés des livres et des dictionnaires.
Même les célèbres "pâtés kurdes
(Börek)" ont été rebaptisés pâtés
turcs.
- Aujourd'hui encore, l'utilisation
des mots "Kurde / kurde " et Kurdistan" dans des publications
; dans des articles politiques, des romans ou des poèmes
sont considérés comme un délit et même
comme un acte terroriste. Que l'on parle d'amour ou de la nature
dans ces écrits ne joue aucun rôle ! II suffit que
ces journaux, magazines ou livres soit rédigés en
kurde pour qu'ils soient confisqués et que leurs auteurs
se voient intenter un procès. À cet égard,
les systèmes juridique et d'enseignement en Turquie ne
présentent pas de différences avec l'époque
de l'inquisition au Moyen ge.
- Dans ses tentatives de destruction
de la culture et de l'histoire kurde, le régime a fait
disparaître de nombreuses uvres littéraires
anciennes de valeur ainsi que, partiellement, des uvres
historiques de grande importance. Des inscriptions historiques
figurant sur des monuments ont été endommagées
au point de les rendre méconnaissables. Cette politique
est contraire à notre conception actuelle de la culture
et à l'esprit de notre époque. II s'agit là
d'actes de vandalisme pur contre I'humanité.
-
- Les noms géographiques
et les noms kurdes sont interdits
-
- Le régime a changé
tous les noms - dont certains étaient historiques - des
villages, des petites et des grandes villes kurdes et leur a donné
des noms turcs, source de grande confusion et d'incertitude pour
la population kurde. Les gens avaient des difficultés à
repérer les nouveaux noms des lieux voisins voire même
celui de leur lieu d'origine.
- Le régime ne s'est pas contenté
de cette interdiction et a été jusqu'à interdire
aux Kurdes de donner des noms kurdes à leurs enfants. Par
décision du tribunal ou en faisant pression sur les parents,
on les a obligés à changer le nom qu'ils avaient
donné auparavant à leurs enfants. Le pire est que
cette pratique s'est étendue à l'Europe.
-
- Même en Europe les immigrants
kurdes sont discriminés
-
- Depuis des années, les bureaux
d'état civil de différents pays européens
ont des listes de noms fournies par les représentations
turques à l'étranger. Pour les ressortissants turcs,
il est obligatoire de choisir, pour le nouveau-né, un nom
figurant sur cette liste. II est intéressant de constater
que cette pratique a été effectivement acceptée
par les pays européens qui se font ainsi l'instrument des
pratiques racistes et antidémocratiques de la Turquie.
- Une autre pratique antidémocratique
des pays européens envers les Kurdes concerne les émissions
de radio et de télévision ainsi que l'enseignement
dans la langue maternelle en kurde. En général,
les groupes d'immigrants importants ont la possibilité,
quotidiennement ou une fois par semaine, de recevoir des programmes
des établissements publics de radio et de télévision
dans leur langue maternelle. Bien que les Kurdes forment un groupe
d'immigrants important en nombre dans les différents pays
européens, ce droit leur est refusé parce qu'il
n'existe pas d'état kurde. Un état de fait qui n'est
pas acceptable, car ce droit devrait être accordé
aux personnes et non aux états. En fait, ce droit est même
de moindre urgence pour les peuples immigrés qui ont un
état propre. En effet, à notre époque et
avec les moyens de communication actuels, la plupart des ces immigrants
ont la possibilité de suivre les médias de leur
pays d'origine par satellite. Les Kurdes n'ont même pas
cette possibilité. C'est pourquoi ils ont encore plus besoin
que les autres groupes d'immigrants d'émissions de radio
et de télévision dans leur pays d'accueil.
- De plus, il est possible pour les
groupes d'immigrants de suivre des cours dans leur langue maternelle
dans les écoles publiques des pays européens. Ce
droit, à quelques exceptions près, est refusé
aux Kurdes.
- Comme si les interdits et les mesures
de répression des États turcs, iraniens, iraquiens
et syriens n'étaient pas suffisants, les pays occidentaux
font ainsi preuve d'un comportement contraire à l'esprit
européen. Comment est-il possible de concilier cette politique
avec le mot d'ordre de l'Union Européenne "Europe des Régions
et des Cultures '' ? Un tel comportement fait une croix sur les
perspectives d'avenir d'une Europe du futur et contribue à
accentuer l'injustice du régime d'Ankara.
-
- Interdiction des couleurs nationales
kurdes
-
- Le gouvernement turc considère
même les couleurs nationales kurdes vert, jaune et rouge
comme l'expression renforcée du "nationalisme kurde". Difficile
à croire pour les Européens et comble du ridicule,
il est vrai que dans certaines villes kurdes -entre autres Batman
et Van - les feux ne passaient plus vert au mais au bleu ! Les
forces de sécurité turques vont même jusqu'à
enlever toute décoration de vitrine combinant ces couleurs
par hasard. Un député turc a été jusqu'à
intenter un procès au jardinier d'un parc parce qu'il avait
découvert dans ce parc ces trois couleurs. Du point de
vue de ce député, ce jardinier s'était rendu
coupable de "séparatisme".
- Le pays tout entier est atteint
de schizophrénie. Comme les dirigeants n'ont pas réussi
à bannir ces couleurs du quotidien kurde, ils ont "découvert"
récemment que ces couleurs étaient des couleurs
nationales turques, découverte qui fut propagée
parmi la population à grands coups de publicité
pendant la fête de Newroz, le 21 mars 1997.
-
- Interdiction des partis et organisations
politiques de tendance kurde
-
- La langue et les noms kurdes étant
interdits, il va de soi que les organisations culturelles ou politiques
au moyen desquelles les Kurdes pourraient exprimer leurs droits
sont également interdites. De telles initiatives sont de
plus considérées au niveau pénal comme des
actes terroristes graves favorisant "la division de la patrie
et de la nation". Par le passé, les associations culturelles
créées par les Kurdes furent même interdites,
leurs membres victimes de sévères mesures de poursuite
et condamnés à de lourdes peines.
- La critique de la politique kurde
menée jusqu'ici, la revendication de droits culturels pour
les Kurdes ou la simple affirmation de l'existence d'autres cultures
que la culture turque peuvent entraîner l'interdiction d'un
parti politique. De nombreux partis politiques ont été
frappés d'interdiction pour ces raisons. Le texte du paragraphe
81 de la loi turque sur les partis est le suivant :
- « Les partis politiques
-
- a) ne doivent pas prétendre
qu'il existe des minorités sur le territoire national de
la République de Turquie qui se distinguent par des caractéristiques
telles que la culture nationale et religieuse, la race ou la langue
;
- b) ne doivent pas créer
de minorités sur le territoire national de la République
de Turquie en conservant une langue et une culture qui diffèrent
de la langue et de la culture turque, en la développant
et en la répandant, poursuivant ainsi le but de détruire
l'unité de la nation ou de développer des activités
allant dans ce sens.
- c) ne doivent pas se servir d'une
langue différente du turc pour rédiger et publier
leurs statuts et leur programme ni dans les journées du
parti, ses réunions en plein air ou dans des locaux fermés,
ses manifestations et sa propagande ; ils ne doivent ni rédiger
ni distribuer de pancartes, banderoles, disques, cassettes, vidéos,
brochures et publications dans une langue autre que le turc ;
ils ne doivent pas rester inactifs si d'autres se servent de telles
actions et ont un tel comportement. II est cependant possible
de traduire les statuts et le programme dans une langue qui n'est
pas interdite par la loi. »
-
- « Langues interdites par
la loi... »
-
- On constate qu'il est question
dans ce paragraphe de "langues interdites par la loi". On se réfère
ici aux paragraphes 26 et 28 de la constitution turque de 1982.
- Voici le texte du paragraphe 26
de la constitution :
- "II est interdit d'utiliser une
langue interdite par la loi pour exprimer et répandre des
opinions."
- Le texte du paragraphe 28 est le
suivant :
- "Toute publication dans une langue
interdite par la loi est interdite."
- Une loi a également été
promulguée plus tard, et, pour ne pas nommer le kurde par
son nom, on a défini la "langue interdite" comme suit :
"Les langues sauf la première langue officielle d'un pays..."
Le kurde est en Irak la deuxième langue officielle. C'est
pourquoi on s'est mis d'accord sur la "première langue
officielle".... La Turquie est ainsi le seul et unique pays du
monde où une langue est interdite par la constitution.
Voilà où la politique d'extermination du peuple
kurde a conduit l'État et la société.
-
- "Les Turcs des montagnes" et
le génocide
-
- L'État turc a inventé
les termes de "Turcs des montagnes", tant le substantif que l'adjectif,
afin de ne pas utiliser les mots "Kurdes" et "kurde". (La pièce
de théâtre du célèbre auteur anglais
Harold Pinter intitulée "La langue des montagnes" traite
de ce problème). Pourtant, même en tant que "Turc
des montagnes", il n'était pas possible d'échapper
à la brutalité du régime turc. Le Général
Cemal Gürsel, qui devint le 4ème président
de la République après avoir pris le pouvoir grâce
à un coup d'état, disait :
- "Si les Turcs des montagnes ne
se tiennent pas tranquilles, l'armée n'hésitera
pas à bombarder leurs villes et les villages et à
les détruire. II y aura un tel bain de sang qu'ils cesseront
d'exister, eux et leur pays". (Quotidien suédois Dagens
Nyheter, 16 novembre 1960).
- Voilà la description exacte
de ce qu'essaye de réaliser l'État turc depuis quelques
années au Kurdistan.
- II était inévitable
que cette politique incroyablement despotique provoque une réaction
et la résistance du peuple kurde. Cette politique de répression
et de violence a donné naissance à son adversaire
et c'est la raison pour laquelle la Turquie mène la guerre
depuis des années à des Kurdes qui ont pris les
armes.
- Dans cette guerre, la Turquie a
également transgressé tous les règlements
et commis de graves crimes contre le peuple kurde et donc contre
l'humanité. La Turquie a attaqué avec des chars
et l'artillerie des villages, des villes et autres agglomérations
kurdes, les a soumis à des bombardements aériens,
les a incendiés et pillés. Environ quatre mille
agglomérations kurdes ont été rasées.
Quatre millions de personnes ont été expulsées
de leur patrie. Des gens qui ont perdu tout ce qu'ils possédaient
et qui vivent maintenant dans la misère, sans travail ni
perspectives d'avenir, dans les quartiers pauvres des grandes
villes. Des forêts ont été incendiées,
des armes chimiques ont été utilisées. Les
soldats turcs, ivres de leur victoire, se sont fait photographier
avec des guérilleros décapités. Des femmes
ont été violées, des enfants soumis aux pires
sévices. On a même massacré les prisonniers
dans les prisons. Les escadrons de la mort, dirigés par
l'état, ont la mort de milliers de personnes sur la conscience,
les coupables sont toujours "inconnus".
- Pour pouvoir financer cette guerre
sale menée contre les Kurdes, la Turquie est devenue un
paradis pour les trafiquants de drogue et les jeux de hasard,
protégé par l'État.
- Déjà, le gouvernement
iraquien avait pratiqué une semblable politique de destruction
et d'expulsion dans la partie iraquienne du Kurdistan sous Saddam,
une politique qui, bien qu'un peu tard, fut qualifiée au
niveau international de génocide. Mais face aux actes de
la Turquie, tous se taisent. Que doit-il encore arriver pour que
l'opinion publique réagisse ? Faut-il envahir le Koweit
?
-
- Le rapport du Conseil de la Sûreté
Nationale : Du racisme pur
-
- Mais il ne semble pas que i'État
turc veuille en rester là. Un rapport effrayant du Conseil
de Sûreté Nationale a été publié
récemment. Dans ce rapport, l'accroissement de la population
kurde en Turquie est considéré comme dangereux et
on précise qu'en 2010 la population kurde représentera
40 % et 50 % de la population totale en 2025. Les Kurdes auraient
alors la majorité au Parlement. II convient donc de tenir
compte de ce danger et de prendre des "mesures radicales". L'une
de ces mesures serait de faire payer un impôt - une sorte
d'amende - pour tous les nouveaux -nés.
- Dans ce même rapport, on
souligne également que 90 % des employés du secteur
religieux, 80 % des gardiens de prison et 43 % des enseignants
sont d'origine kurde. On y voit aussi un danger et on somme le
gouvernement de prendre des mesures pour y parer.
- Que l'administration turque ne
veuille pas employer de fonctionnaires kurdes dans la région
kurdes n'est pas nouveau. Toutefois, les fonctionnaires turcs
ne voulant pas aller travailler dans cette région en raison
des conditions de vie difficiles, elle n'a pas pu faire autrement.
Pour la plupart des Turcs, cette région est un véritable
exil. D'autre part, l'État Turc ne s'est jamais plaint
de la croissance démographique des Turcs, mais il essaie
depuis des années d'empêcher la croissance de la
population kurde. II a même pris plusieurs mesures en ce
sens, entre autres l'utilisation du stérilet comme moyen
de contraception pour les femmes kurdes et la distribution de
préservatifs gratuits pour les hommes. Il est évident
que toutes ces mesures ainsi que l'expulsion de millions de Kurdes
et même des massacres ne sont pas encore suffisants, il
faut maintenant recourir à des méthodes plus radicales.
Mais lesquelles ? ...
- Le gouvernement turc justifie la
sale guerre qu'il mène depuis des années contre
le peuple kurde en la qualifiant de lutte contre le terrorisme.
Pourtant, le rapport du Conseil de Sûreté Nationale
rend une fois de plus parfaitement clair que ce qui est appelé
terreur est d'une part un produit de la politique de l'État
turc et d'autre part un prétexte pour sa politique de répression.
Le véritable but de l'État turc est d'exterminer
l'identité kurde et les 20 millions de Kurdes qui vivent
dans ses frontières.
- Lorsque ce rapport fut présenté
au gouvernement, un ministre d'origine kurde ne put se dominer
et déclara qu'il n'allait pas le signer, car ce rapport
est "séparatiste".
-
- Discrimination des Kurdes dans
la vie professionnelle et au travail
-
- On imagine donc sans peine qu'il
n'est possible pour un Kurde d'adhérer à un parti
du système, d'accéder au Parlement ou de devenir
ministre que s' il soutient totalement le système répressif,
antidémocratique et raciste dirigé contre le peuple
kurde. La répression et le mépris des Kurdes atteignent
parfois de telles proportions que même les Kurdes opportunistes
ne peuvent le supporter.
- Lorsque la Turquie se fait de nouveau
critiquer pour ces pratiques, les représentants de l'État
turc répliquent que les Kurdes peuvent participer à
la vie politique, qu'ils ont le droit de voter et d'être
élus, qu'ils peuvent siéger au Parlement, et qu'ils
peuvent même devenir ministres. C'est vrai, mais uniquement
dans les limites définies par ce système. Ce qui
veut dire à condition qu'ils se soumettent au système
de répression, qu ils soutiennent toutes les injustices
et renient leur identité. Quel régime de violence
n'accepte pas de telles règles ?
- Et pourtant, malgré tout,
il n'est pas possible aux Kurdes qui collaborent avec le régime
d'occuper les positions clés de l'État. Les Kurdes
ne sont pas acceptés dans les écoles et académies
d'officiers, l'accès aux postes élevés du
secteur administratif de la politique étrangère
leur est fermé. Au cours des dernières années,
cette pratique s'est également étendue aux forces
de police. II est impossible pour les intellectuels et les patriotes
kurdes qui ne sont pas prêts à renier leur identité
d'accéder à un poste dans la fonction publique.
II est même difficile pour eux de trouver du travail dans
le secteur privé. En général, on leur demande
une attestation de casier judiciaire vierge délivré
par la police et l'attitude de la police à l'égard
des Kurdes n'est un secret pour personne...
-
- Même Newroz, la traditionnelle
fête du Nouvel An des Kurdes, est interdite
-
- II serait très étonnant
qu'un tel régime d'injustice n'interdise pas la traditionnelle
fête de Newroz des Kurdes. L'État turc a pris toutes
les mesures possibles et imaginables, comme pour la Fête
du Travail le 1er mai, et fait couler beaucoup de sang, pour empêcher
que n'ait lieu la fête de Newroz, Nouvel An kurde fêté
le 21 mars. Le 21 mars 1992, des membres des forces militaires
turques et de la police tirèrent sur les masses, parmi
lesquels se trouvaient beaucoup de femmes et d'enfants, qui marchaient
tranquillement dans la rue dans leurs habits de fête traditionnels.
Dans les villes kurdes de Cizre, Nusaybin et Sirnak, il y eut
ainsi des centaines de morts et de blessés.
- Le régime a pourtant reconnu
qu'il ne lui était pas possible d'interdire complètement
Newroz et que cette fête traditionnelle kurde est devenue
un symbole de résistance. ll essaye donc maintenant d'accaparer
cette fête pour ses besoins, la vidant de son sens et de
sa signification véritables. L'État turc a récemment
déclaré Newroz comme fête turque, justifiant
son origine par le mythe raciste du loup gris (ce mythe veut que
les Turcs soient les descendants d'un loup gris). De cette façon,
Newroz est maintenant fêtée comme une fête
populaire turque par les membres du gouvernement, les fonctionnaires
des partis politiques, les gouverneurs de province, les chefs
de police et les généraux au cours de cérémonies
officielles empreintes de racisme, alors que les Kurdes n'ont
toujours pas le droit de la fêter.
- Par un hasard remarquable, Newroz
tombe le même jour que la Journée contre le Racisme
le 21 mars. Et les Kurdes expriment ce jour-là avec enthousiasme
leur désir de paix et de liberté.
-
- Il ne faut pas garder le silence
-
- En raison de cette situation dramatique,
on peut dire que les Kurdes sont un des peuples de la terre qui
soit victime de la plus forte répression nationale et de
discrimination raciste. Et l'un des pays qui mène cette
politique contre les Kurdes est la Turquie, membre du Conseil
de l'Europe et de l'OSCE. La Turquie viole ainsi délibérément
le droit international ainsi que les engagements internationaux
qu'elle a pris volontairement. En poursuivant une telle politique,
elle se rend coupable aux yeux du monde entier.
- L´Union Européenne,
qui a déclaré l'année 1997 Année de
la Lutte contre le Racisme et la Xénophobie, ne peut pas
se taire face à la situation dramatique des Kurdes, aux
graves violations des droits de l'homme et aux pratiques racistes
de la Turquie.
- Le peuple kurde a besoin du soutien
international.
- Tous les membres de l'Union Européenne
devraient se servir du droit de sanction que leur accordent les
conventions internationales, reconnaître l'identité
des immigrants kurdes vivant dans leurs pays et les considérer
comme les autres immigrants en leur accordant le droit d'avoir
des émissions de radio et de télévision et
des cours en langue kurde. Ils pourraient ainsi éliminer
l'injustice régnant dans leur propre pays.
-
- Parti Socialiste du Kurdistan
- Juin 1997
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